4 décembre 2016

Dans la série "code visuel tendance" : les masques de mammifères...

Il y a quelques jours on a chroniqué la tendance d'un code graphique très prisé par les médias hipstériques, le "motif géométrique à facettes".
Pourquoi un code graphique apparaît soudainement dans tous les modes de communications qui ciblent la jeunesse ? Qu'est-ce qu'il traduit ?

Un autre motif envahit les affiches pour des groupes pop, festivals, clips vidéos et campagnes de com' commerciales : c'est l'humain à tête d'animal... et surtout de mammifère ! Même si ce motif a tendance à décliner, il reste très présent, comme le montrent ces visuels de cette fin 2016 :
Affiche pas très à propos
pour une fête de Halloween parisienne.


Pub pour un nouveau centre commercial à Paris
porte de la Villette.



clip de Vic Moan, "I can't stand it !"
 
Est-ce que ça traduit le désir de proclamer notre nature sauvage, alors qu'on vit dans une société ultra contrôlée, trop policée ? Sans doute. C'est d'ailleurs l'univers du rock indépendant — qui affiche des postures de liberté et d'anti-conformisme — qui exploite le plus souvent cette représentation !


On peut y voir aussi autre chose. 
Depuis des années les "nouvelles normes" de communication imposent de ne pas mettre en avant nos caractères ethniques, notre genres sexuels, nos looks capillaires, tout ce qui peut être perçu comme des façons de se mettre en scène. Le monde marchand et du divertissement a ainsi mis en scène des gens à la peau bleue, aux cheveux rouges, ou dont on ne connaît que la silhouette. Des images humaines qui représentent une sorte de culture mondialisée, où tout identification ethnique est gommée. Comme dans le film Avatar, dont la société extraterrestre, composée d'êtres qui ont tous la peau bleue, nous apparaît comme une société idéale. 


Les Américains l'ont compris : ces représentations d'une humanité homogène (donc sans différences) est surtout une façon de ne pas contrarier les minorités.
Il en est ainsi de ces images d'humains, portant des vêtements mais coiffés de têtes d'animaux. Il ne s'agit pas ici d'être hybrides, de monstres, mais bien d'humains masqués. Les masques cachent les têtes et donc l'expression des visages. Ils répondent parfaitement à cette nécessité de ne pas mettre en avant on égo, de garder pour soi-même son caractère propre.

On traverse une époque où le narcissisme tient de mode d'existence sociale, où l'on est tenu de s'exhiber et de viser la gloire — via les réseaux sociaux, les chaînes vidéos, le marché de l'emploi, les sites de rencontres ou la téléréalité... À cela on peut être tenté d'opposer une certaine résistance : nous oublier nous-mêmes, et nous réduire à ce qu'on a tous en commun — l'animalité.

Dans ce cas, les masques d'animaux, utilisés dans le monde du rock indé et d'un art qui se veut underground, peuvent répondre parfaitement à un désir collectif qui peut se résumer à : se fondre dans la masse...
.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire