30 décembre 2017

affiches de films sur les Présidents : les codes graphiques

Dans quelques jours sortent deux films, El presidente et Les heures sombres — vous savez, le genre de films où un grand comédien incarne un grand chef politique. Voici un petit florilège d'affiches de ce genre cinématographique, qui montre comment elles obéissent à des codes bien établis : du noir & blanc bien contrasté pour la sévérité et la rigueur ; du rouge parce que bien sûr les actes politiques sont des choix humains, qui impliquent toujours du sang versé. Des lignes droites, des cadres, du rigide. Et des profils forts et songeurs, qui expriment le doute et la solennité. Faut pas déconner, ces mecs portent le monde sur leurs épaules.
L'affiche qui tranche vraiment, qui ne reprend aucun de ces codes, c'est celle de The lady, un film sur la vie de Aung San Suu Kyi. Mais tout s'explique : c'est une femme ! Du coup, il y a même un sourire qui se dessine sur le visage de cette présidente (oui parce que les femmes, c'est doux, c'est souriant).
D'autres affiches sont conçues avec des couleurs, mais pour des comédies, comme celui sur Roosevelt qui narre surtout ses histoires de fesses.

26 décembre 2017

l'ONG 'Bibliothèques Sans Frontières' : progrès social ou dévoiement de la cause humanitaire ?

L'ONG 'Bibliothèques Sans Frontières', association humanitaire subventionnée par du mécénat privé et par le public, fonctionne sur une stratégie ultramarketée. Une stratégie qui lui permet d'exister partout en usant de nombreux soutiens politiques, médiatiques et institutionnels. L'association mène aussi des opérations visibles avec les Ideas box. Elle multiplie par ailleurs les partenariats, à tel point qu'on se demande si l'objectif penche vers l'affichage ou vers l'action sur le terrain... Alors BSF est-elle un gros gadget médiatique ? 
Petite enquête.
 
Il n'est pas question de dénigrer une ONG sans en comprendre le discours et les objectifs ; il s'agit de nous interroger, de faire preuve de vigilance, même si BSF semble actuellement jouir d'un large consensus. Or, ayant rencontré BSF avec d'autres bibliothécaires, face au discours des porte-paroles de cette asso, j'ai constaté un certain embarras chez quelques collègues. BSF brouille les pistes, pas très au clair avec les objectifs éthiques, dévoie parfois les missions des bibliothèques, use de l'investissement des services publics sans "renvoyer l'ascenseur", jouit de tribunes médiatiques ; surtout, BSF n'aborde jamais les sujets des politiques publiques, les des moyens à mettre en œuvre pour la lecture publique et pour la démocratisation du savoir.
BSF est souriante, dynamique et affiche son action en faveur des réfugiés et dans les zones de conflits. En Haïti, au Burundi, au Nicaragua, auprès de communautés exclues ou en France temporairement auprès de migrants, BSF travaille à la reconstruction du lien social, fait des vidéos pédagogiques pour lutter contre les théories complotistes et mieux faire comprendre le monde. Alors quelle critique ? 
Pour une asso, le gage de crédibilité est vital. Les community managers et les chargés de com' de BSF l'ont rendue ultra-crédible. L'asso est animée par un historien — haut-fonctionnaire, ancien du PS et proche de ce parti — et par un ancien de Science-po. Ancrée dans les sphères d'influence, BSF sait solliciter les acteurs publics (leur temps, leur argent, leur organisation, leurs partenariats) pour se rendre visible. 
 
Dévoyer le concept de transformation sociale
Des nombreuses collectivités accueillent les conférences de BSF, accompagnent leurs chantiers et informent le public et les institutions sur leur action. On mobilise ainsi des collectivités, des bibliothécaires et des volontaires, mais ce n'est que BSF qui en récolte les fruits, c'est-à-dire qui attire les investisseurs. Les services publics sollicités, eux voient leur financement diminuer... BSF a-t-elle pour stratégie consciente de faire sa promo sur le dos des acteurs publics ? En attendant ces acteurs publics jouent le jeu parce que c'est pour la bonne cause, parce que c'est pour aider les enfants, pour émanciper l'humanité par le savoir et la lecture. Oui, on accompagne, parce que la bonne conscience a un prix et qu'il est plus commode de chasser le doute.
Parmi les actions, BSF milite pour une "transformation sociale". C'est un concept attrayant : même Emmanuel Macron, le Comptable de la république, souhaite une "transformation sociale". Or BSF n'explique pas le concept, qui vient de l'éducation populaire et qui vise à établir une justice sociale en modifiant l'ordre des pouvoirs. BSF ne parle pas non plus d'égalité sociale ni de transformation de la société. Et pour cause : BSF est hyperactive dans la diffusion des nouvelles technologies, la création de fab-lab et le coworking. Une stratégie dont l'efficacité, en termes d'émancipation et de liberté, est ...
BNF était présente au dernier congrès de l'ABF, faisant un écho enthousiaste aux propos de la ministre de la culture Françoise Nyssen pour ouvrir les bibs le dimanche. L'ONG prend pour modèle les pays anglo-saxons dont certaines ouvrent 20h/24h. Mais elle le fait de façon parfois mensongère, sans aborder les nouveaux besoins que cela suppose et sans parler moyens humains ni économiques. Le projet fait d'ailleurs débat ; un débat rare mais existant !

15 décembre 2017

pub pour DOVE : exemple d'une erreur d'interprétation

D'après l'article paru dans le blog d'André Gunthert, l'image sociale, sous le titre : "Dove, une image qui trompe énormément".
En voyant ce montage issu d'une publicité pour Dove, où il est question d'être bien lavée : que peut-on conclure, à première vue ?

Une femme à la peau marron enlève un t-shirt de la même couleur et laisse voir, en-dessous, une femme blanche avec un t-shirt blanc. Sortie de son contexte par la maquilleuse Naomi Blake, cette image suggérait que Dove, en nous lavant, blanchissait notre noirceur, ce qui serait carrément raciste. On a rapproché cette image avec les réclames ordurières envers les noirs qui ont été véhiculées dans le passé.

Mais, retour sur la pub vidéo d'origine...

27 novembre 2017

"Plutôt la tyrannie que la justice sociale", ou comment la collaboration servit de stratégie contre le Front populaire

Quand Polémix & la Voix Off, média indépendant et militant, invite l'historienne Annie Lacroix-Riz, c'est pour révéler comment les capitalistes de l'entre-deux-guerres, craignant le soulèvement du peuple contre leurs intérêts privés, ont — sans défendre l'idéologie nazie pour autant — favorisé la montée du nazisme en empruntant les voies de la collaboration.
"Plutôt Hitler que le Front populaire" était alors leur stratégie.

Annie Lacroix-Riz, à travers son gros bouquin Le choix de la défaites (réédité chez Armand Colin), parle d'un vrai complot — loin des rumeurs colportées par les antisémites et autres nationalistes. Un complot ourdi par ce qu'on pouvait déjà appeler une oligarchie.
Ce n'est pas un scoop. Juste une nouvelle recherche très documentée sur cet épisode par une historienne, qui replace la lutte des classes dans notre histoire, alors que les recherches sur ce sujet sont presque oubliées aujourd'hui.

Pour écouter l'émission, c'est ici !

La seule chose qu'il y a à tirer de cela aujourd'hui, c'est savoir jusqu'où les autorités sont capables d'aller par opportunisme, pour défendre les intérêts de leur caste. Aujourd'hui comme hier.


9 novembre 2017

Burger King lance un appel au secours

Les crevards de Burger King craignent de ne pas se faire remarquer. Du coup, bam ! une affiche rouge pétante, et un message "ON EST LÀ" en gros et en 3 langues.Des fois que les consommateurs potentiels n'aient même pas calculé l'enseigne...
Je sais pas, mais cette affiche ressemble trop à un appel au secours. 
Burger King passera-t-il l'hiver ?

26 octobre 2017

l'écriture inclusive, faux combat du féminisme ?

Je n'ai pas l'habitude de faire la promo de l'Académie française, mais bon. Les académiciens viennent de sortir de leurs bocaux de formol et de faire un communiqué pour contrer l'extension de l'écriture inclusive — cet ensemble de règles qui a vocation à "cesser d'invisibiliser les femmes. 

Le mois dernier, Libé publiait un article au sujet d'un manuel scolaire qui usait de l'écriture inclusive, et de la petite polémique qui a suivi. On pouvait y voir à quel point le système "inclusif" propose des règles variables et multiples, une nouvelle façon de s'exprimer. L'écriture inclusive, c'est juste un outil dont usent certains féministes pour rendre visible leurs revendications

A la suite des récentes révélations sur les violences faites femmes dans le monde, l'écriture inclusive fait le buzz. Or, avouons qu'elle est difficilement prononçable, qu'elle gêne la lecture. Et puis, en pratique, les rédacteurs (de tracts, de manifestes, etc.) oublient toujours des trucs à accorder — ou en rajoutent maladroitement... Je n'en peux plus de lire, dans la littérature syndicale, par exemple, que telle mesure a "un impact considérable pour tou-te-s les usager-e-s" ! ou qu'il faut une "requalification de tou.te.s les contrats aidé.e.s en CDI". Et je n'invente rien.
Ce n'est peut-être qu'un effet de mode langagier, mais il divise, il crée une polémique qui cache de vrais enjeux politiques : la violence faite aux femmes, les inégalités dont elles sont victimes dans de nombreux domaines...
Je pourrais paraphraser l'Académie française : "La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle [l'écriture inclusive] induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi [bon, en fait, on le voit très bien, mais il arrive que l'intégrité militante confine à l'intégrisme] et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs." On a bien saisi que les combats féministes, les académiciens s'en cognent comme de savoir utiliser leur épée, et c'est regrettable. Mais je partage leur souci de la cohérence du langage et j'espère rencontrer un ensemble de règles, qui incluent les femmes à égalité avec les hommes sans rendre l'écriture imprononçable.


Pendant ce temps persistent les combats d'égalité des droits, de reconnaissance dans le monde du travail, de représentativité dans la sphère publique, de lutte contre les préjugés et les violences faites aux femmes, et les combats pour la reconnaissance des minorités sexuelles. 
On sait que trop de femmes peinent à se faire payer au niveau de leurs collègues mâles, des femmes à qui on reproche leur éventuelle grossesse, qui se font tripoter ou subissent des remarques incessantes sur leur apparence, comme si elles n'étaient que des éléments de déco (et qui savent que quand leurs patrons adoptent l'écriture inclusive, ça ne change rien pour elles)... Et je ne parle pas de celles, reléguées dans des situations d'esclavage conjugal ou social, dont le corps n'est qu'un outil à la merci des hommes ; celles que la grande majorité des défenseurs de l'écriture inclusive ignorent confortablement.

L'écriture inclusive est le parfait exemple d'un faux combat. Le féminisme est ailleurs.

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Par souci d'honnêteté je laisse  cet article en ligne même si je le renie totalement aujourd'hui, mais au moins pour me pettre ce présent ajout. 

Ma perception de l'écriture inclusive, comme un moyen de rendre visible les femmes à travers le langage, et comme outil d'une langue juste, a évolué au contact de militant.e.s féministes et de personnes qui proposent de nouvelles règles. Au contact de gens concernés par ces questions et qui en ont exploré les possibilités, je ne parviens plus à justifier certains usages actuels : le masculin neutre, le masculin pour un groupe mixte, le masculin par défaut, les professions au masculin, etc. Le langage reflète nos choix de civilisations ; celle que je souhaite est égalitaire.

La langue n'a rien de figé ni de légitime par essence. La langue change, on peut la faire changer selon que changent nos sensibilités.
Je laisse ce vieil article ici, également pour mesurer le chemin parcouru.

Paco, décembre 2022.

25 octobre 2017

cachez ce SAIN que je ne saurais voir.

"Foodchéri : plats faits maison & healthy"
La start-up de restauration en ligne, pour sa pub, opte pour l'anglais "Healthy". Parce que SAIN est ambigu ? Ou parce que l'anglais est plus friendly ? 
OK, mais à la place de "faits maison", ils auraient pu préciser "homemade", ces ringards !

La rentabilité dans le secteur du rire.

Quand on adopte les règles de la productivité au secteur marchand de l'humour, les choses deviennent assez tristes. 
Certains humoristes se soumettent eux-même à un cahier des charges contraignant, à croire qu'il y a le CAC 40 derrière eux qui poussent à la rentabilité ! "Un rire toutes les 10 secondes !"... "toutes les 7 secondes !"... "toutes les 5 secondes !"

17 octobre 2017

"Syrie : Daesh chassé de Raqqa" - décryptage d'une couverture médiatique

"Syrie : Daesh perd Raqqa" ; "Raqqa libérée de Daesh"... les gros titres du jour, dans les médias français, communiquent la joie de cette victoire sur l'organisation terroriste. 
L'armée syrienne — après 4 mois de combats et des milliers de morts dont un tiers de civils — a donc repris Raqqa. "Avec le soutien de la coalition internationale", précise BFM, la plus influente des chaînes d'info TV.
Ce qu'on voit est un traitement binaire, les méchants vaincus par les gentils : d'un côté, des civils qui disent avoir "traversé l'enfer". Des textes sous les images précisent les atrocités commises par Daesh, 270 enfants tués, des civils pris comme boucliers humains, les châtiments rituels, décapitations et lapidations sur les grandes places... l'horreur. 
De l'autre côté : des soldats en liesse, des groupes d'hommes qui dansent. Une femme qui plante un drapeau victorieux. 
Cette image d'une armée "régulière" qui fait une place aux femmes nous semble rassurante, à nous, téléspectateurs européens, attachés à la liberté, aux droits des femmes et opposés à l'obscurantisme fondamentalistes.

24 août 2017

MailJet. Ils sont jeunes et business friendly, différents mais pourtant unis...

ils sont jeunes, souriants, motivés, business friendly, 
ils sont différents mais pourtant unis.
ils portent des projets ouverts, fairtrade, porteurs d'investissements.
ils travaillent en coworking, en contexte de lean-management,

leur modèle économique à un visage humain.
ils représentent la société de demain
chez MailJet, ils ont l'air d'y croire...





qu'on se rassure, ça n'est qu'une affiche. 
I.R.L., ils râlent le matin en allant bosser. I.R.L. ils connaissent le stress, ils mangent mal même s'ils mangent bio, parce qu'ils n'ont pas le temps de faire mieux. I.R.L., leurs rapports de hiérarchie génèrent peut-être frustration et jalousie. I.R.L. ils font ça pour de l'argent. 
I.R.L. ils font caca.

6 août 2017

Techniques de manipulation publicitaire : un truc qu'Hitler avait compris.

"Toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu'il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l'idée."
Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925.

Le Tribunal des flagrants délires fut une célèbre émission humoristique, de 1980 à 1983 sur France inter. La France écoutait Claude Villers, Luis Rego et Pierre Desproges — respectivement président, avocat et procureur — animer des réquisitoires dont les témoins étaient Guy Bedos, le Pr Choron, Jacky Berroyer, et dont les accusés ont compté Coluche, Le Pen, Dewaere, PPDA, Frédéric Mitterrand, Renaud, etc.
Luis Rego en réquisitoire, au Tribunal des flagrants délires

Lors d'une séance du Tribunal, Luis Rego "plaida" pour Daniel Robert, publicitaire de son état, en récitant un texte qui traitait des méthodes utilisées dans la pub, soi-disant écrit par Jacques Séguéla, pape de la réclame. Daniel Robert souscrit à ce texte, reconnaissant l'auteur comme l'un de ses pairs.

30 juillet 2017

architecture collaborative : une "animation municipale" pour distraire les badauds.

La ville éphémère, installation d'Olivier Grossetête sur le site de la Villette, à Paris.
Cette installation a attiré les badauds en mal d'activité, qui, avec leurs amants ou leurs enfants, venaient sans trop savoir à quoi s'occuper durant leurs congés. Ils ont d'ailleurs peut-être trouvé l'info sur le site Que Faire à Paris.



Les concepts dont on a habillé ce truc étaient forcément attractifs : "expérience humaine et artistique inédite", "architecture utopique et éphémère". On peut aussi trouver d'autres trucs : projet collaboratif, démarche participative, entreprise interactive et ludique de co-construction, etc.

Avec un copain et nos mômes, on a joint cette "expérience humaine". Une équipe animant le projet nous a proposé de participer à l'édification de constructions faites de blocs de carton. Un animateur nous appelait pour nous regrouper autour d'une structure en carton, "allez allez, on a besoin de tout le monde, regroupez-vous autour de moi !". Nous avons afflué comme à l'appel du crieur, curieux, en attente d'inattendu, de nouveauté, de je-sais-pas-quoi. On s'est placés aux endroits choisis par les animateurs, se préparant à soulever le tout, et 1, 2, 3, ON SOULÈVE ! Vite, d'autres participants ont poussé de nouveaux blocs de carton sous la structure suspendue, on repose, et c'est magnifique, la construction a gagné 1 mètre. Nous obéissions à un point que c'est pas permis, d'autant qu'on ne cernait franchement pas l'enjeu.
Après on fait tout tomber, chprouff, c'est trop bien, on filme ça, et on partage sur Facebook, sur le site de la Villette, bref on en parle.

La finalité ? Je ne pourrai pas vous en dire plus, car j'ai pas trouvé.

13 juillet 2017

le blues des migrants - "Fuocoamare, par-delà Lampedusa"

"Fuocoamare, par-delà Lampedusa" (2016), est un documentaire de Gianfranco Rosi.
Lampedusa est cette petite île située entre les côtes africaines tunisienne et sicilienne.
Le film parle du passage des migrants par cette île, de la vie des marins qui y vivent, de l'activité des autorités, des médecins, et des vies chamboulées.
Dans cet extrait, un jeune Nigérian chante les mésaventures des voyageurs quittant l'horreur pour en trouver une autre : l'exil, le désert, les privations, la priso, les violences... et la foi, intacte.
Et on pense aux chants des esclaves africains au temps du commerce triangulaire, dans les soutes des bateaux, les travaux forcés et les plantations.
Aujourd'hui encore naissent des blues.

3 juillet 2017

Luc Boltanski et Arnaud Esquerre : "Enrichissement. Une critique de la marchandise"

Quand on fait l'observation du capitalisme, gardons toujours à l'esprit que ce système implique des stratégies de valorisation des biens marchandisés. Le travail sur les concepts et les images, aujourd'hui plus encore qu'hier, est indispensable aux acteurs du capitalisme pour augmenter le prix d'un produit, améliorer l'image d'une entreprise, générer des marges importantes, etc. L'économie capitaliste, si elle peut se caractériser simplement par le fonctionnement de la production, ne peut pas s'affirmer publiquement sans faire de la manipulation mentale.
Le nouveau livre des sociologues Arnaud Esquerre et Luc Boltanski parle de stratégies de valorisation, spécifiquement dans le luxe, l'art ou les biens patrimoniaux. Enrichissement est paru en février chez Gallimard.
Boltansk, directeur d'études à l'EHESS, est proche du courant libertaire ; il est familier du monde de l'art et particulièrement de l'art contemporain (et son frère Christian, lui-même artiste, interroge également le monde à sa manière). Esquerre est sociologue, chargé de recherche au CNRS, et a déjà écrit sur les manipulations mentales.
Ils montrent comment, dès les années 1980 sous Mitterrand, une nouvelle conception de l'action de l'État a permis de faire largement entrer l'économie dans les pratiques culturelles. Cette conception a marqué son temps puisqu'aujourd'hui le développement de la culture, presque partout, doit assurer un rôle économique.
 Esquerre et Luc Boltanski Crédits : Sylvain Bourmeau - Radio France
Les auteurs expliquent comment l'évolution du capitalisme accompagne ce qu'ils nomment l'économie de l'enrichissement : pour réaliser une plus-value marchande efficacement, le capitalisme se développe dans les secteurs de l'art, du luxe, des biens patrimoniaux... où il est possible d'obtenir des prix qui ne sont ni contrôlés, ni fixés à l'arrivée : une plus-value marchande peut s'acquérir en déplaçant un produit d'un espace vers un autre espace où les prix pratiqués changent ; en le changeant de mains. C'est dans la durée de ce déplacement qu'on valorise la marchandise. Cela consiste à exploiter des choses du passé qui, pour être enrichies, valorisées, sont associées à des récits qu'il faut inventer. Ces récits concernent autant les vies de créateurs (Coco Chanel, Vuitton ou Saint Laurent…) que des lieux où s’enracinent des produits de luxe (un grand vignoble Bordelais, les couteaux Laguiole de l’Aubrac…).

L'économie de l’enrichissement produit peu de choses, mais crée de la richesse à partir de choses qui existent déjà. Boltanski explique que "son gisement principal est constitué par le passé : elle met en valeur des objets venus du passé, parfois même considérés comme des déchets. Dans l’immobilier, les immeubles des quartiers insalubres, comme ceux de la Tamise à Londres où se passaient les romans de Dickens, sont transformés en lofts pour des gens très riches" (1). "Une chose qui prétend au statut d’œuvre d’art est reconnue comme telle quand elle est considérée comme si elle était déjà muséifiée, c’est-à-dire promise à l’éternité" (2).

Le phénomène d'économie de l'enrichissement, qui créée une économie extrêmement inégalitaire, est observé dans ce livre de façon complète et originale. Avec d'autant moins de complaisance que les auteurs militent tous deux dans les luttes anticapitalistes et pour une société plus solidaire.

L. Boltanski, A. Esquerre : Enrichissement. Une critique de la marchandise
(Gallimard 2017, 672 p.)

       (1) - liberation.fr, 01/02/2017.
       http://www.liberation.fr/debats/2017/02/01/une-economie-profondement-inegalitaire_1545652

       (2) - lesinrockuptibles N° 2011, février 2017.
       http://www.lesinrocks.com/2017/02/14/idees/lenrichissement-de-luc-boltanski-et-arnaud-esquerre-comment-le-capitalisme-tire-profit-du-passe-11912908/

25 juin 2017

"tout va bien, j'ai demandé au facteur de s'occuper de mes parents."

Récemment on a pu avoir la surprise de voir, dans les bureaux de poste, des bandeaux de pub pour un nouveau service : "Pour votre tranquillité, je veille sur celle de vos parents".

Le site de La Poste explique : "Grâce à son entreprise « Veiller sur mes parents », le groupe La Poste facilite le maintien à domicile des personnes âgées, en leur apportant des services pratiques et rassurants pour eux comme pour leurs proches."
En bref, le client charge le facteur — moyennant des sous — de visiter ses parents ; le facteur rend ensuite des comptes au client. Il s'agit de "lutter contre l’isolement des personnes âgées en conservant un lien social", peut-on lire. Un tel dispositif semble choquant... mais qu'est-ce qui a justifié sa création ?

Le pays souffre d'une insuffisance des services de santé, aggravée par la fragilisation des services publics et des dispositifs de solidarité : difficile de trouver des personnels soignants ou des infirmiers à domicile, ou des maisons de retraite à des tarifs abordables.
Or comme l'affirme Éric Baudrillard (directeur des plateformes de services aux particuliers à La Poste), « avec 6 millions de personnes âgées de plus 75 ans, dont 40 % vivent seules chez elles [la Poste est] la seule entreprise à bénéficier en France d’un tel réseau de proximité ». Mais dites, ça fait un gros marché à prendre, ça ! Voilà sans doute ce qui a mené le groupe à adopter "une stratégie de diversification, pour faire face à la baisse de l’activité de l’acheminement de courrier", comme l'exprime le site Funéraire info.
En 2015, le groupe La Poste avait expérimenté une assurance dépendance, avec la visite à domicile des parents isolés. Puis l'expérience a été déployée avec Veiller sur mes parents.
Tu as des soucis pour veiller sur tes vieux parents ? abracadabra, le facteur est là ! Selon le contrat, il passera chez eux de 1 à 6 jours sur 7, pour dire bonjour, savoir si ça va, remplir un formulaire de réponses, et installer une appli qui permet à tes vieux de solliciter des services de téléassistance.
La Poste tartine sa pub à grands coups d'images souriantes et familières, de caricatures de "petits vieux" et de "gentils facteurs"...


On sait comment, en France, on néglige déjà nos vieux. Certains clients vont maintenant pouvoir s'acheter une bonne conscience, en négligeant les services d'aide compétents, voire en négligeant carrément leurs parents. C'est exactement ce que témoigne un client (rapporté par l'Obs) : "Je cherchais quelque chose qui me sécurise. [à défaut de sécuriser les vieux, on rassure leurs enfants...] Le fait que ça soit La Poste a beaucoup compté dans mon choix. J’ai plus confiance que dans une aide à domicile."

Or les facteurs ne remplacent ne pourront pas remplacer les personnels d'aide à la personne. De toutes façons, le groupe n'y a pas mis les moyens : des dizaines de milliers de facteurs ont suivi une "formation" de TROIS HEURES... et pour certains, il a suffi d'une formation sur Internet. À la suite de quoi ils ont reçu une "habilitation" pour pouvoir s’assurer que les personnes âgées vont bien. C'est si minable que les communicants de La Poste ne le disent pas publiquement ; ils devraient, pourtant.

Les facteurs ont été amenés au fil des années à faire du commerce, du conseil financier, et aujourd'hui à assurer des missions sociales et sanitaires. Certains d'entre eux lé déplorent. Patrick Brilouet, facteur et syndicaliste à SUD PTT,  explique pour l'Obs : "la Poste joue sur la relation humaine qu'on a avec la population et la dénature. Aujourd'hui, on ouvre toujours la porte à un facteur. Si on se met à vendre des tas de trucs aux gens, j’ai peur qu’à terme on ne nous ouvre plus." De leur côté, SUD PTT accuse le groupe de "vendre le lien social du facteur", et la CGT dénonce "les conditions de mise en place de ce dispositif mercantile"...
Sur le terrain, le manque de formation et le flou des missions donne des situations absurdes, comme celle, rapportée par Le Monde, du facteur qui, en remplissant le formulaire avec le client et quand il a fallu mentionner si la personne allait bien, n’a pas inscrit de réponse. « Je ne suis pas médecin, comment savoir ? Du coup, j’ai été convoqué et j’ai écopé d’un blâme », témoigne-t-il. Quand il s’en est plaint à sa cheffe, elle lui a rétorqué : « S’il tient debout, tu dis qu’il va bien. »
Voilà de quoi justifier le tarif !

Tiens, tout ça me fait penser à un projet de réforme de Macron qui consiste à supprimer les cotisations salariales sur l'assurance maladie... logique ! si on baisse les dépenses de santé, faudra bien que les particuliers puissent s'adresser, selon leurs moyens, à des ersatz de services sanitaires...

Pourtant, des personnels soignants et des auxilliaires de vie, il en faut. La société doit protéger ses vieux (qu'ils aient ou non des enfants). Pour ça, il y a un moyen : développer les services sanitaires, les lieux d'accueils, revaloriser les métiers d'infirmier, aider les personnes aidantes. Et mettre le paquet.


27 mai 2017

CHRONIQUE DE L'ORDRE RÉPUBLICAIN : les forces du désordre dans les manifs

éternelle question lors des grandes manifs : les flics s'infiltrent-ils dans les rassemblements pour semer le désordre ? ont-ils pour mission de faire dégénérer les cortèges pour mieux discréditer les manifestants ? — et terrifier les marcheurs pacifiques ? et orienter l'opinion ?

le temps des flics qui s'incrustaient dans les manifs, vêtus en civil afin de déglinguer des vitrines ou des crânes des militants, est sans doute révolu. en tout cas, les preuves que ces pratiques existent sont souvent démenties par les faits.

par contre, les forces de l'ordre missionnées pour créer de l'agitation, pour attiser la violence ; les brigades qui ont pour ordre de permettre à de vrais casseurs de semer la terreur dans les cortèges, c'est une réalité.
ceux qui ont déjà participé à certaines manifs savent que la répression policière accompagne toujours la volonté de l'État.
pour les autres, voici l'aveu d'un policier, qui a sans doute pu contourner le "devoir de réserve" grâce à son statut de représentant du personnel.

1er mai 2016 (AFP)
de quoi nous rappeler une vérité élémentaire de notre république : le gouvernement est prêt à TOUT pour faire taire un mouvement social qui menace sa volonté.

7 mai 2017

Macron, le choix des mots, le poids des symboles (7 mai 2017)

Voici venu le temps des commentateurs, qui interprètent les manières des premiers discours de Macron. Les chaînes TV de l'immédiat (BFM, i-Télé et consorts) sont unanimes pour parler des symboles de république, de démocratie, de rassemblement... que l'élu vient de choisir. Enthousiasme boursouflé des éditorialistes et autres observateurs, soulagés d'avoir échappé au fascisme.
Mais quels symboles ? un discours au Louvre, devant la pyramide !

Heureusement — et même sur ces médias — il y avait quelqu'un pour rappeler que le Louvre, ce fut d'abord la demeure des rois. On peut ajouter que la pyramide, c'est celle, éternelle, des pharaons...

Et tout ça "avec humilité", a-t-il dit. C'est possible, ça ?

5 mai 2017

La presse aux ordres des lobbies de la médecine esthétique ?

Le hors-série de Paris-Match d'avril-mai est une ode à la médecine esthétique "anti-âge". Si on avait mauvais esprit, on ne serait pas loin de penser qu'il y a un bon gros accord entre ce journal, qui survit en pratiquant le vedettariat glauque, et le marché du lifting, des injections et des mammoplasties.


On pourrait espérer des articles critiques, de l'enquête sur les risques et les abus de ces marchés juteux — comme en a déjà publié par exemple l'hebdo Marianne. Mais Paris-Match, avec une fausse bienveillance et sous couvert d'information, fait de la réclame : injections, implants, chirurgie, compléments alimentaires et autres méthodes des niches médicales. En guise d'investigation, on y interroge ceux qui vivent de ces méthodes, appelés ici des "spécialistes : "Médecins et chirurgiens interviewés ont eu à coeur d’expliquer dans le détail leur spécialité et de répondre à toutes nos interrogations sans rien éluder". On conclura que "le « rester jeune » n’est plus seulement un souci esthétique, c’est un vaste secteur de recherche"... Béatitude.

Le seul but proposé : rester jeune en apparence, ne pas se faire trahir par les signes de son âge réel.
On n'est pas loin de la publication l'Officiel Médecine & chirurgie esthétique, qui propose les techniques "qui aident à se sentir bien dans sa peau".
Comme dit Sharon Stone, "il ne faut pas avoir honte" d'engraisser ce commerce.

Ne plus avoir honte... oui, et c'est un progrès ambigu : car si on permet aux femmes de recourir à la médecine anti-âge, en la banalisant afin qu'elles ne le vivent pas comme un tabou (ce qui, vu sous cet angle, est bénéfique), d'autre part, on exclue progressivement celles qui ne peuvent ou ne veulent pas en profiter. La médecine esthétique s'adresse avant tout à aux plus aisés ; ainsi la richesse appelle la richesse mais aussi la beauté et la jeunesse. Tant pis pour les autres, les moins riches, les moins au top et les moins soignées, condamnées à porter leur âge sur leur visage. (Sans parler de médecine, il suffit de constater l'absence, dans les médias et la pub, des jeunes femmes qui décident de ne pas teindre leurs premiers cheveux gris, pour se rendre compte de la puissance des diktats de beauté).

Alors OK, les gens de Match : dites la vérité sur les techniques de la médecine esthétique, ce qu'elles apportent de bénéfique et comment elles transforment nos corps. Et s'il y a conflits d'intérêts, faites en part publiquement : ça éclairera les lecteurs sur les enjeux réels de cette médecine-là.


1 mai 2017

1er mai 2017, les syndicats un peu perdus sur la façon de battre le FN

1er mai 2002, durant l'entre-2-tours J. Chirac / JM Le Pen.
Déclaration commune des syndicats Ile-de-France CGT, CFDT, FSU, UNSA, SOLIDAIRES, UNEF, et FO 93 & 94 :
"Le 1er Mai 2002, les organisations syndicales d’Ile-de-France, dans leur diversité, veulent faire entendre les attentes sociales urgentes, la solidarité et le rejet de toutes les idées racistes, xénophobes et antisémites. Après le 1er tour de l’élection présidentielle et avec la présence de l’extrême droite au 2e tour, notre pays se trouve dans une situation dangereuse de régression sociale, de mise en cause des valeurs républicaines et démocratiques.
Dans le respect de leur indépendance syndicale, CGT, CFDT, FSU, UNSA, G10/Solidaires, UNEF d’Ile-de-France et FO 93/FO 94 décident de s’unir et d’appeler les salariés, les chômeurs, les retraités, les jeunes, les Franciliennes et les Franciliens, leurs associations, à manifester ensemble le 1er Mai 2002 à Paris.
Ensemble faisons entendre les légitimes revendications de justice sociale, d’égalité, pour d’autres choix sociaux et économiques, pour la démocratie et la paix. Ensemble pour les libertés et la fraternité faisons barrage à Le Pen et à l’extrême droite."

Le danger, c'était : les idées racistes, xénophobes et antisémites, et il s'agit de faire barrage à l'extrême-droite en votant Chirac, donc.

1er mai 2017, entre-2-tours E. Macron / M. Le Pen.
Il n'y a pas de déclaration commune des orgas syndicales, qui ne sont pas rassemblées sur le rejet du FN. Certains affirment que "Pas une voix ne doit aller au FN" (Solidaires) ou appellent à "Faire barrage à l'extrême droite" (CGT), sans appeler à voter pour l'autre candidat.
En 2002 on considérait plus légitime qu'aujourd'hui de voter pour un candidat capitaliste contre le FN.
La défiance s'est endurcie. L'historien Benjamin Stora aborde les raisons qui font hésiter la gauche radicale à voter pour le candidat opposé au FN. C'est un fait : les politiques menées par les deux principaux partis sont si peu crédibles qu'aujourd'hui, les orgas syndicales nous alertent autant sur Macron que sur Le Pen, autant sur le parti de la finance que sur le parti néo-nazi.


Le danger aujourd'hui, comme en 2002, est partout.
Mais le FN porte en son sein un projet si destructeur de solidarité, si violent envers les étrangers, tellement porteur de misère et d'exclusion et favorable aux grandes fortunes (il n'y a qu'à constater ce que le FN fait à l'échelle des municipalités), que je voterai le plus efficacement pour le faire perdre.
Ce vote s'appelle Macron, il s'appelle "mettre ses mains dans la merde plutôt que de s'y plonger tout entier", et c'est ce que je ferai.

10 février 2017

un marché lucratif et un mode d'uniformisation : les labels qualité

Les entreprises, les asso, les administrations, pressées de rendre des comptes en termes de "qualité" afin de bénéficier d'aides diverses, acceptent de devenir dépendants des organismes qui les jugent. La structure qui souhaite être labellisée se comporte comme un entrepreneur qui doit prouver la portée de son projet pour bénéficier d'un financement, ou comme un État qui concourt pour une notation financière. 

Un label existe quand une marque décide de proposer son signe distinctif (logo, mascotte, sticker) à une structure — entreprise, association, établissements public, etc. — qui garantit le respect de certaines normes. La marque est souvent créée dans ce but, parfois de façon interne à la profession ; et le label, ou la notation, ou l'agrément, assure à celui qui le reçoit des moyens de promotion, des partenariats, parfois des aides financières. 


Il y a un important marché qui fonctionne sur l'existence des labels et qui implique leur création, leur gestion, le contrôle, les audits, les analyses des bilans d'activité et la mise en concurrence des candidats... un vrai secteur économique ! rien de bien glamour pourtant, d'autant que tout ça exige beaucoup de temps et d'argent (public, souvent), et que les labels, qui ont une durée limitée, ne sont pas forcément reconduits.
Mais les structures s'y soumettent quand même pour en tirer de la reconnaissance. Lorsqu'on gagne une médaille, c'est pour pouvoir la porter, faire briller son image de marque. De quoi donner raison à Napoléon Bonaparte qui, pour justifier la création de l'ordre de la Légion d'honneur, affirmait que "c'est avec des hochets qu'on mène les hommes".
Qu'en est-il sur le terrain ? En réalité, l'attribution de labels cautionne souvent "l'effort de bonne volonté" que manifeste une structure, plus que la façon dont elle remplit réellement les critères demandés. Ainsi une municipalité, une administration publique, une petite entreprise ou un monopole commercial peut gagner un label très valorisant, mettons, sur le 'management' plus humain, tout en abritant des méthodes intolérables en gestion du personnel. Ou glaner un label en matière de développement durable, alors que son activité nécessite l'importation de matériaux étrangers et une sous-traitance dégueulasse. 

29 janvier 2017

le Nouvel an chinois et la laïcité

Concernant des fêtes religieuses comme le Ramadan, Kippour ou l'Exaltation de la Sainte Croix, il est impensable que les services publics ou que les médias d'Etat fassent de la com' sur ces événements. Mais le Nouvel an chinois a un statut à part : annonces sur les radios publiques, lors d'émissions enfantines sur France télévision ("toi aussi viens fêter le Nouvel an chinois !"), sur le site web d'infos de la mairie de Paris...
Pourquoi ce privilège ? 
Cet événement qui allie les Chinois et citoyens des pays voisins est un événement religieux : les taoïstes, confucianistes et bouddhistes se réunissent à cette occasion pour chasser les mauvais esprits et bénir l'année nouvelle. Bien sûr c'est perçu comme une jolie fête folklorique par les Occidentaux. Les français aiment bien retrouver les images d'Epinal de la Chine : le dragon, les lampions, les couleurs, les tambours... sans y voir qu'il s'agit d'un liant religieux pour des centaines de millions de gens et sans se soucier que ces défilés investissent l'espace public.
Mairie de Paris - alanbarba.wordpress.com

Pas sûr que cela soit apprécié par les laïcs, puisque c'est une intrusion du religieux dans l'espace public.
Pas sûr non plus que ce soit apprécié par les fidèles des autres religions — quel gage d'égalité envoie-t-on aux musulmans de France par exemple, puisque les pouvoirs publics écartent le pourtant festif Ramadan ?

14 janvier 2017

Quand on a le fric, on ose tout.

Osez vous en foutre, osez vous abandonner, osez lâcher prise et oublier les autres.
Osez : c'est le privilège de ceux qui allongent le fric.
C'est le message de certaines pubs récentes pour les services à domicile :
Payez-vous Allo Resto et vous aurez le privilège de bouffer avec un masque à l'argile sur la figure, ou de vous mettre à poils entre copains tout en graillant de la junk-food.

Payez-vous les services de Helpling et ne vous préoccupez plus de la propreté de votre maison.
L'argent, ça permet d'abandonner toute dignité et de se payer l'assistanat. Ce n'est pas pour rien que les riches peuvent tout oser.



Et vous, vous osez aussi ?