27 mars 2014

et le prix de l'optimisme est attribué à...

quand on déprime, on a envie de bouffer du chocolat / des pizza / des trucs gras et sucrés, en s'accompagnant de bière / de marijuana / de xanax, et de se pieuter avec la téloche / un jeu vidéo / son sexe.
et en temps de dégringolade sociale et de manque d'espoir collectif, quand les gens se détournent des discours politiques et refusent les diktats de sacrifice, rentabilité, efficacité, merci madame, sourire poli, il faut les "tenir" : il faut leur proposer des divertissements glamour. du gras, du sucré, de l'acidulé qui remplit le temps de cerveau disponible.
la télé produit des divertissement à la tonne, on le sait.

niveau cinoche, il y a déjà ce qu'on appelle les "feel-good movies", le cinéma qui dit "la vie est belle les gars ! faut y croire ! souriez !"
niveau bouquins, certains éditeurs participent à l'effort de guerre en diffusant des espèces de guides du sourire sous forme de romans : les bouquins de Gilles Legardinier, Gavalda, Coelho, tout ça...

et puis là, carrément, un PRIX DE L'OPTIMISME est maintenant décerné ! et le gagnant de cette mauvaise comédie est Valérie Tong Cuong — une fausse blonde en tailleur qui a bossé dans la com' — avec "L'atelier des miracles" !!!

au fait, c'est qui ces gens qui décernent un prix de l'optisme ?
ben voyons, c'est la Ligue des Optimistes de France ! c'est sérieux. Quelque part, des gens se sont réunis en "une association qui s'est donné pour mission de promouvoir l'optimisme et l'enthousiasme dans tous les domaines de la vie, privée ou publique, économique, culturelle ou sociale". ces gens-là sont des gens qui savent sourire à la télé et rassurer les spectateurs : Eric-Emmanuel Schmitt, Matthieu Ricard, Jean d'Ormesson, Franz-Olivier Giesbert. ils font des conférences, se réunissent en dîners d'optimistes et invitent des personnalités sympas. ça pue l'entre-soi et l'autocongratulation.


donc, la Ligue de l'Optimisme, cette structure administrative qui répand la bonne attitude, a choisi son bouquin de l'année, dans le registre de la feel-good littérature...

et bien moi j'appelle ça de la littérature de propagande.
si le pouvoir et les médias-aux-ordres, pour détourner les classes moyennes des sujets préoccupants, avaient voulu produire du divertissement en sollicitant des auteurs à fort potentiel de sympathie, ils n'auraient pas fait autrement.