1 avril 2014

les experts-télé : la foire aux gueules

AAAaahhh le spectacle des journaux télévisés, des talk-shows, des magazines d'infos, quel bonheur, quel spectacle ! On est toujours sûrs d'y voir des images incroyables... à commencer par les têtes des intervenants.
Les trognes des experts-télé, qui commentent et débattent assez souvent dans les studios des chaînes pour qu'ils deviennent familiers aux téléspectateurs, sont des éléments du show qui must go on. Franchement, il sont stylés nos habitués des plateaux télé, non ? Honoré Daumier aurait aimé être là, 150 ans après son temps, pour croquer leurs gueules en faisant ressortir leurs traits.
Imposants, patriarcaux, magistraux, charismatiques, savants, hautains... autant de caractères que traditionnellement on prête aux hommes, et qui font peut-être que le titre d'expert n'est presque jamais attribué à des femmes.

J'en suis venu à croire que les rédactions des émissions d'information choisissent leurs experts "à la tête du client", c'est-à-dire parce que leurs tronches est suffisamment spectaculaire.

D'abord, il y a ceux qui ont des trognes, des gueules qu'on croirait sorties d'une BD, et qui suffisent à divertir les gens. Je cite :
Alain Bauer, criminologue auto-proclamé,  ex-grand-maître du Grand orient, ami de nombreuses élites politiques et invité de nombreuses émissions. Alors, ce visage énorme et ramassé sur un corps immense — même s'il nous est désormais familier : inquiétant, non ?

Emmananuel Lechypre, expert BFM dans le registre nounours, dont le léger zozotement a quelque chose de rassurant.

27 mars 2014

et le prix de l'optimisme est attribué à...

quand on déprime, on a envie de bouffer du chocolat / des pizza / des trucs gras et sucrés, en s'accompagnant de bière / de marijuana / de xanax, et de se pieuter avec la téloche / un jeu vidéo / son sexe.
et en temps de dégringolade sociale et de manque d'espoir collectif, quand les gens se détournent des discours politiques et refusent les diktats de sacrifice, rentabilité, efficacité, merci madame, sourire poli, il faut les "tenir" : il faut leur proposer des divertissements glamour. du gras, du sucré, de l'acidulé qui remplit le temps de cerveau disponible.
la télé produit des divertissement à la tonne, on le sait.

niveau cinoche, il y a déjà ce qu'on appelle les "feel-good movies", le cinéma qui dit "la vie est belle les gars ! faut y croire ! souriez !"
niveau bouquins, certains éditeurs participent à l'effort de guerre en diffusant des espèces de guides du sourire sous forme de romans : les bouquins de Gilles Legardinier, Gavalda, Coelho, tout ça...

et puis là, carrément, un PRIX DE L'OPTIMISME est maintenant décerné ! et le gagnant de cette mauvaise comédie est Valérie Tong Cuong — une fausse blonde en tailleur qui a bossé dans la com' — avec "L'atelier des miracles" !!!

au fait, c'est qui ces gens qui décernent un prix de l'optisme ?
ben voyons, c'est la Ligue des Optimistes de France ! c'est sérieux. Quelque part, des gens se sont réunis en "une association qui s'est donné pour mission de promouvoir l'optimisme et l'enthousiasme dans tous les domaines de la vie, privée ou publique, économique, culturelle ou sociale". ces gens-là sont des gens qui savent sourire à la télé et rassurer les spectateurs : Eric-Emmanuel Schmitt, Matthieu Ricard, Jean d'Ormesson, Franz-Olivier Giesbert. ils font des conférences, se réunissent en dîners d'optimistes et invitent des personnalités sympas. ça pue l'entre-soi et l'autocongratulation.


donc, la Ligue de l'Optimisme, cette structure administrative qui répand la bonne attitude, a choisi son bouquin de l'année, dans le registre de la feel-good littérature...

et bien moi j'appelle ça de la littérature de propagande.
si le pouvoir et les médias-aux-ordres, pour détourner les classes moyennes des sujets préoccupants, avaient voulu produire du divertissement en sollicitant des auteurs à fort potentiel de sympathie, ils n'auraient pas fait autrement.