7 avril 2011

Culture pour chacun pour soi (1) - l'évolution de l'action culturelle d'État.


En septembre dernier, le Ministère de la Culture a publié un rapport qui a fait du barouf dans les milieux culturels — et au-delà. Rédigé en vue de remodeler l'action culturelle du ministère, c'est un chef-d'oeuvre d'incohérences et de vues à court terme. Signé par Guillaume Pfister et Francis Lacloche (1), il est titré "CULTURE POUR CHACUN - Programme d’actions et perspectives" .

En le lisant, on constate, comme l’ont fait nombre de citoyens et d’acteurs de la culture, que ce rapport lance des offensives contre le service public de la culture, contre les tentatives de démocratisation de la culture, et contre le savoir lui-même, taxé ici d’« élitiste ». Ce faisant, il prépare le terrain aux grosses cylindrées de l'industrie du divertissement (bouquets TV, diffuseurs, médias dominants, majors, etc.) ; c’est l’État qui célèbre ici la marchandisation des biens culturels.
Répétons-le : si le rapport débouche sur un programme, on peut s'attendre à de réelles transformations de nos habitudes de consommations, de notre rapport à l'art et au patrimoine, de nos relations aux institutions culturelles, de nos représentations sociales.
Le rapport « Culture pour chacun » est donc un texte à teneur idéologique, qui invite à entreprendre un tournant néolibéral jusque dans nos mentalités.
Mais rappelons que ce texte s’enracine dans les politiques culturelles antérieures qui sont un terreau favorable. Rappelons aussi qu’il se base sur des concepts, études, des recherches sociologiques que les auteurs ont soigneusement exploitées pour les reprendre au compte du Sarkozysme.