18 janvier 2011

les "patients" de l'Eglise

"Prenez Courage
Ne Craignez RIEN
Voici Notre DIEU qui Vient"

 Eglise Saint-Thomas-d'Aquin, Paris 7ème
À combien de pauvres bougres a-t-Il donné rencard ce jour-là ?

"changer de look pour retrouver un job".

Tu cherches un taf. Tu t'habilles correctement, histoire de montrer que tu es propre et que tu sais bien te présenter. Tu souris, tu te montre poli, et le patron est à moitié conquis, il reste ensuite à te montrer compétent pour le travail que tu veux.
Il y a des boulots où il faut se déguiser. Mais même pour un taf en costume de Donald à EuroDisney ou une mission de distribution de pubs pour Gysmnase Club, c'est pas à l'entretien d'ambauche que tu vas te pointer déguisé. J'espère. Tu as ton intégrité : tu ne vas quand même pas te dénaturer, t'imposer un travestissement pour les beaux yeux des employeurs.

Pourtant, certains trouvent normal qu'il faille se déguiser pour séduire l'employeur.
Si bien que  dans le quotidien gratos "20 minutes", il y avait un article titré "Nouveau look pour un nouveau travail". La Une du quotidien faisait référence à cet article : "changer de look pour retrouver un job".
Le texte parlait de relooking, de rendez-vous à un "bureau d'image", de visite chez l'exthéticienne, de coach. Autant d'investissement, pas seulement financier mais moral, pour s'adapter au marché du travail. Si l'on en croit le journal, c'est une façon de se faire "chouchouter" et de se "redonner la pêche", comme disent ces femmes, cadre sup. ou en professions libérales.

Il ne s'agit pas simplement de bien se présenter pour trouver un job, non, mais carrément "changer de look". Un look, c'est une l'affichage d'une appartenance sociale ou culturelle, une façon de dire qu'on aime ceci, qu'on se sent proche de telle sensibilité, d'une mode.


Note que l'initiative à laquelle applaudit 20 minutes est organisée par le Pôle emploi... et le fonds de dotation Ereels, dont Bernard Debré est président d'honneur et Pénélope Fillon "marraine de coeur" — là, tu comprends la vanité du machin. Le service public s'associe à un fonds d'investissement libéral, une organisation qui dit "favoriser le lien social" et dont le discours misérabiliste propose de sauver les apparences. Cette initiative, c'est l'orchestre du Titanic qui continue à jouer pour rassurer les voyageurs condamnés.

Changer de look par nécessité, pour trouver un emploi, c'est mentir sur ce qu'on représente, et d'abord c'est se faire force à soi-même : celles et ceux qui ont du se résigner à couper leurs cheveux, à enlever des piercings (ou à s'en faire poser), à cacher leurs tatouages, à porter des chaussures à talons sans en avoir l'habitude ou à mettre une cravate sans supporter cette sensation, vous parleront du serrement de coeur que ça fait.
On devrait se soumettre corps et âme à l'image qu'on attend d'un candidat ? C'est l'uniformisation assurée du monde du travail, dont font partie les demandeurs d'emploi.
Une société qui admet qu'on demande aux individus de changer leur apparence pour des raisons professionnelles, c'est une société soumise à la fois au culte du salariat comme seule construction sociale, et au culte de l'apparence.
C'est sans surprise : cette société-là, c'est la nôtre.

Fais ce qu'on te propose, suis la tendance ; et bientôt seuls les chomeurs assumés, les barmen, les ouvriers, les vendeurs de moto ou de chez H&M, auront le droit d'avoir des piercing ou des t-shirt déformés !