15 avril 2011

Culture pour chacun pour soi (2) - comment on a élaboré la "doctrine"


Le rapport « Culture pour chacun », publié en septembre 2010 par le Ministère de la culture, entend répondre à la préoccupation suivante : « comment réduire l’éloignement entre population et culture » ? Cette question hante les services du ministère depuis longtemps et a donné lieu à diverses études et divers projets.

Avant d’aborder cette question, j'aimerais en poser une autre, une question de fond. Puisque le dictionnaire Robert définit la culture comme l’ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement, de quoi l’individu a-t-il besoin pour cela, qu'est-ce qu'il lui est nécessaire pour comprendre les enjeux de la société, pour y devenir un acteur et pas seulement un subordonné du pouvoir ?
Qu’est-ce qui est nécessaire au peuple et qu’on appelle culture ? 

F. Kupka, "le théâtre de marionnettes (l'assiette au beurre, 1903)


Un débat public sur le rôle et la nécessité de l’action culturelle — musées, théâtre, spectacle — serait salutaire. Car, on peut considérer comme acquis que la culture est indispensable au peuple (tout comme Danton disait de l’éducation qu’elle était, « après le pain, le premier besoin d'un peuple »). Mais il faudrait expliquer ce postulat, pour le vérifier.
Questions : Quelle culture est indispensable ? le patrimoine commun ? les modes de vie des groupes humains ? l’art ? l’expression populaire ? Par ailleurs, qu’est-ce qui, dans la culture, en fait quelque chose d’indispensable ? est-ce la connaissance ? la part de spiritualité ? la possibilité de percevoir les choses autrement ? la maîtrise de notre environnement social ? la garantie de briller en société ?


« Briser les résistances » des publics.

Janfeig
Or les réflexions engagées par les pouvoirs publics ne remettent pas en cause le sens de l’action culturelle. Invariablement on part du principe qu’elle est indispensable, et on ne fait que se demander « comment l’action de l’Etat peut-elle toucher tout le monde ? » Pour s’en tenir aux musées, François Mairesse (5) explique que l’évaluation muséale, depuis des décennies, « est davantage considérée comme un moyen de justifier l’activité plutôt que comme un outil tentant de mieux cerner le sens et la valeur de l’action muséale ». 
 Le vocabulaire est souvent celui du conflit, du combat. Action d’État v/s comportements du peuple. Dans le numéro de 2009 de « musées et collections publiques de France », l’article « musées et société » étudie les « relations entre les musées et les publics à conquérir » (6). 
Ces réflexions sont stratégiques, elles tendent à trouver les moyens de « briser les résistances » (comme disent des textes ministériels) des publics envers les institutions cultuelles. Cela implique un rapport de force, ou de pouvoir. Ces stratégies consistent, pour les pouvoirs publics, à chercher tous les moyens — fussent-ils la publicité ou d’autres formes de manipulations — d’attirer les populations vers les musées, salles de concerts, salles de théâtres ou lieux d’expositions. 



Bourdieu & Darbel, l'amour de l'art
Bourdieu et Darbel sont auteurs d’une étude fondatrice en 1966, l’Amour de l’art (7). Ils affirment que les acteurs du monde de l’art « s’accordent pour poser la question du salut culturel dans le langage de la grâce », traduisant bien l’état d’esprit des décideurs en matière de culture : il s’agit d’imposer le patrimoine à un public, indistinct et anonyme, qui serait « sommé de vibrer au contact des œuvres sublimes » selon le mot d’André Lhote. 

On peut parler d’élitisme : elle est élitiste, l’action culturelle qui décide d’en haut de ce qui est beau et bien pour le peuple, ce qui doit élever ou divertir la population, sans se soucier de ses réels besoins.
Jean-Claude Wallach, ancien délégué du Syndeac, fait un constat difficile à avaler : « Prenez la démocratisation culturelle. Son véritable enjeu était de changer la structure des publics, de faire en sorte que les gens les plus éloignés de la culture se trouvent concernés. Mais on voit toujours les mêmes dans les salles de spectacle. Les statistiques montrent bien que la diversification ne fonctionne pas.» (8) 
Pourtant, comme le défend Marc Fumaroli, professeur au Collège de France, « le musée public, conformément à son programme génétique, doit d’abord être un lieu de savoir et d’éducation. C’est à ce titre, plus que par son taux de fréquentation, qu’il sert l’intérêt général et démocratique. » (9)

Des études dévoyées par le gouvernement

Dans leur quête de publics plus nombreux, les ministres s’appuient sur des études et des rapports qu’ils commandent. En 1992, un rapport a été rédigé sous la direction de Hana Gottesdiener, professeur de psychologie, pour le Ministère de la Culture et de la communication. Ce rapport édifiant, nommé « Freins et motivations à la visite des musées d'art », analyse "les différences individuelles au sein de groupes homogènes (résidence, position sociale, âge)" afin de cerner ce qui éloigne ou rapproche les populations des musées, selon les catégories de populations. Il apparaissait que les freins sont souvent liés à des "craintes", des "peurs", face au caractère exigeant, élitiste, des musées.
« La rencontre avec l’œuvre s’inaugure dans la peur aussi bien pour les cadres que pour les employés. Cependant pour les employés, cette peur rend compte du risque inhérent au franchissement, au passage à un monde étranger, autre. Ce passage pourrait être l’occasion d’une perte des repères habituels. Pour les cadres, la rencontre s’inscrit dans une trame référentielle déjà existante, elle est l’occasion d’une confrontation qui suscite des craintes : au-delà de la confrontation à un savoir constitué ce qui est en jeu c’est la confrontation avec soi. »
Pour « ceux qui ont le plus peur », « ne pas réussir, c’est ne pas être dans ce qu’ils pensent être la norme, c’est donc une remise en question de leur position. »
Plus loin on peut lire que « C’est parmi les cadres et les professions intellectuelles que le musée d’art est relativement le plus fréquenté », et que, statistiquement, « les musées d’art sont plus élitistes que les musées scientifiques ».
L’auteur, ayant interrogé les publics de plusieurs pays, rapporte que, même à l’étranger, « le musée est perçu comme un lieu d’apprentissage qui s’oppose pour eux à l’image d’un lieu de détente ».
Le rapport « Freins et motivations … » montre que, pour une grande partie du public, la confrontation au patrimoine muséal est vécue comme un exercice scolaire, un devoir ; et que d’ailleurs, l’immense partie de la population ne visite les musées que lors de sorties scolaires. Le rapport montre aussi que la fréquentation des musées est perçue comme une activité élitiste. Elitisme, élitiste. C’est ce terme qui va servir d’arme aux auteurs de la « Culture pour chacun » dans leur offensive contre la démocratisation culturelle.

On peut aussi consulter les travaux de Jacqueline Eidelman à ce sujet, dans sa « sociologie des publics des musées de France » (10). Ou bien l'ouvrage L'Accès des jeunes adultes à l'art contemporain, par Hana Gottesdiener et Jean Christophe Vilatte (Ministère de la culture et de la communication, 2006), qui pointe les facteurs sociologiques et psychologiques favorisant la visite des musées. Beaucoup de ces travaux font d’ailleurs écho au travail de Bourdieu et Darbel, qui consistait à déterminer sociologiquement les caractéristiques des publics des musées.

Diverses synthèses furent faites par les cadres du Ministère. En 2000, sur le site du Ministère de la Culture (sous Catherine Trautmann), on pouvait lire des analyses sur « les pratiques culturelles des Français : des envies et des obstacles ». Notamment : « Pour certaines catégories sociales, le musée ou le monument historique apparaissent comme quelque chose d'étranger, le lieu d'une "culture élitiste", trop éloigné de leurs préoccupations quotidiennes ». En réponse à cela, le Ministère proposait, pour « rendre la Culture plus accessible », des mesures phares axées sur la gratuité et des réductions tarifaires. On a pu s’apercevoir, une fois de plus, qu’il n’est toujours pas question de changer la nature de ce qui est exposé ou présenté, mais d’en modifier seulement les conditions d’accessibilité.

On a là des textes qui décrivent bien les relations des visiteurs aux musées et aux oeuvres d'art, et qui pourraient servir à des politiques culturelles clairvoyantes. Clairvoyantes… elles le seraient si elles n’étaient pas de plus en plus soumises aux diktats commerciaux des industries culturelles et du divertissement.


Après les errements de la gauche, la droite sonne le glas des tentatives de démocratiser la culture. En avril 2007, avant l’élection présidentielle, le syndicat SUD Culture Solidaires a publié un document consacré aux propositions "culturelles" des candidats aux élections présidentielles (11). Il y rapportait notamment les intentions de Sarkozy:: consacrer 4 Miliards d’euros en 10 ans au patrimoine monumental parce qu’il « génère un flux de touristes considérable ». Il rappelait que pour Sarkozy, « la politique culturelle doit développer les conditions d’un partenariat qui doit être fortement encouragé entre l’intervention publique et celle du secteur privé ». D’où le projet d’un « régime fiscal favorable au mécénat, des exonérations fiscales » et la suppression de « la distinction entre le parrainage et le mécénat ». Il rappelait que pour ce candidat, l’action culturelle consistait à rentabiliser l’art et la culture en les soumettant à la loi des marchés.

Le rapport d’Elise Longuet, pour une culture « labellisée » par les entreprises

Élise Longuet
De ces projets, aucun ne s’est démenti, si ce n’est des détails de chiffrages. L’UMP a défendu les visions du gourou de l’Elysée. En 2009, le Ministère de Culture et la communication a confié une « mission d’étude et de propositions sur des actions directement opérationnelles » à mener dans le secteur culturel. Et la mission fut confiée à… Elise Longuet, administrateur de la fondation Culture et diversité au sein du holding FIMALAC. Pourquoi FIMALAC ? FIMALAC a été créé et est dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière (12). Le groupe, outre le mécénat et les activités immobilières, détient l’agence de notation financière internationale Fitch Rating, dont dépend la crédibilité des finances étatiques public. Servilité, opportunisme : on peut comprendre que les membres du gouvernement aient offert le rôle de conseil à une telle entreprise…  Mais passons ; Elise Longuet a donc fourni en mars 2010 le Rapport Longuet, titré : « Culture pour chacun - Étude et propositions d’actions en faveur de l’accès de chacun à la culture, et principalement de trois populations qui en sont éloignées, les jeunes, les habitants des banlieues défavorisées, et les habitants de l’espace rural»

Presque 100 pages, précises et décisives (et pourtant absentes du site du Ministère de la Culture).
On y trouve toute la matière qui servira le fameux rapport de septembre 2010. D’abord, Longuet ne parle pas de culture, mais assène à chaque page la notion de culture pour chacun, qui doit être « placée au rang d’enjeu national ». La formulation même, culture pour « chacun », induit que l’action culturelle doit être adaptée à chaque catégorie de populations, chaque intérêt individuel.
Le rapport tourne brutalement le dos à l’ambition du CNR — proposer un patrimoine commun à tous pour que tous aient le même socle de connaissances, d’analyse, de sensibilité. Il tourne le dos à la démocratisation culturelle.

Le rapport Longuet préconise le développement des cartes culture, des chèques cadeaux culture, des forfaits d’entrée aux sites culturels, en bref la fidélisation des publics, qui doivent être séduits et attirés vers les « temples » de la culture. Notons que ces mesures (parfois qualifiées de gadgets) favorisent les habitués, mais ne remettent pas en cause les politiques tarifaires abusives. A ce sujet, la cour des comptes a publié le 30 mars 2011 un rapport sur la gestion des musées nationaux de 2000 à 2010, qui fustige les choix de gestion muséale. Selon la Cour des comptes, l’action muséale bénéficie d’abord aux « Parisiens âgés et aisés » et aux touristes. Le syndicat SUD Culture Solidaires confirme qu’on entretient « des musées trop chers pour un public restreint » (13).
Elise Longuet est représentante d’une entreprise de mécénat ; ses attributions consistent à encourager le partenariat entre culture et entreprise. Elle prévoit donc la création par le Ministère d’un « label de référence ‘projet de culture pour chacun’ ». Un label de référence pour… une culture de référence ? Anticipons : des projets culturels pourraient être aidés et financés parce qu’ils répondent aux critères du label et sont célébrés par les entreprises. Mais qu’en serait-il des autres ? Admet-on qu’il n’y aura aucune action en faveur de la culture non labellisée ? L’appellation contrôlée culture pour chacun, autorisée par le secteur industriel et commercial, justifiera que les pouvoirs publics se désintéressent des pratiques artistiques.
Longuet propose aussi « la mise en place d’un Cercle des Acteurs de la culture pour chacun, qui permettrait à la fois de rendre hommage aux porteurs des projets les plus significatifs dans ce domaine, tout en regroupant dans une même structure les «locomotives» de la culture pour chacun, susceptibles d’incarner une véritable RSE Culture » (14). En d’autres termes, ce sont des entreprises, actrices de la CPC et regroupées en une autorité, qui donneront le ton en matière d’action culturelle. Elles seront exemplaires en termes de responsabilité : d’accord, c’est super rassurant, mais selon quels critères prioritaires ? et qui distribuera les bons points aux entreprises ?
En résumé, l’État prévoit d’assujettir la politique culturelle aux exigences des entreprises via le mécénat. Quel rôle l’État va-t-il encore jouer dans ce contexte ? et quelle place va-t-il déserter ?

On n’est plus ici dans le contexte d’une action en faveur de la démocratisation de l’art. Le vocabulaire, s’il témoigne d’un sens des affaires, révèle surtout une méconnaissance flagrante du champ de la création artistique. C’est ce que relevait Valérie de Saint-Do sur Médiapart, le 6 mars 2011, dans son article sur le rapport Longuet : « Ils sont rarement sous les projecteurs, mais nombreux, les artistes et acteurs culturels engagés en profondeur sur le champ social : du tenace Armand Gatti à Bernard Lubat à Uzeste (Gironde), de Zebrock en Seine-St-Denis au festival Gindou Cinéma (Lot) ou au Mac Val de Vitry, pour ne citer que les plus visibles. Mais Élise Longuet ne s'est visiblement pas souciée de les rencontrer ni d'étudier leur action, à l'exception de ceux soutenus par sa fondation. »

Une grande partie du rapport porte sur le développement du web (culture en ligne, sites internet du ministère), avec l’idée qu’il faut « guider l’internaute au travers du Paysage culturel numérique ». Ce qui nécessite le développement de certains services ministériels, chargés de la construction du patrimoine numérique et des musées en ligne. Mais la culture, outil de cohésion sociale, doit-elle être une somme de contenus web ? ou bien au contraire une expérience vécue à travers un lien social, physique, sensitif ?

Dans les deux dernières parties du rapport, Elise Longuet sert copieusement la soupe au patronat : elle préconise d’augmenter l’exonération fiscale (réduire le plafond des dons déductibles) pour les entreprises mécènes, et applaudit la loi promulguée en août 2007 « qui permet aux redevables de l’ISF d’imputer sur leurs cotisations une partie de leur dons »

La lettre de mission de Frédéric Mitterrand faisait le vœu de cohésion sociale. Le rapport Longuet y répond par un mensonge : « Les projets de culture pour chacun se caractérisent par le fait qu’ils visent un objectif de cohésion sociale sans renoncer à l’excellence culturelle. » Comment croire cela, quand nulle part il n’est fait état de moyens financiers et humains, quand nulle part on ne parle de la réalité des pratiques artistiques et des domaines de la création ? Quand on prévoit que le secteur privé, soucieux de son image et de ses profits, fera autorité ?

La Culture pour chacun, une arme de la RGPP.

Nouveaux besoins, nouvelles technologies, nouveaux développements. Dans un contexte de stagnation du budget global de la culture, de réduction des emplois et de précarisation du travail, on se demande comment on va mener toutes ces ambitions. En supprimant combien d’autres emplois, combien d’autres missions, combien d’autres services ?

Le rapport Culture pour chacun de Pfister et Lacloche, publié en septembre 2010, est le produit du rapport Longuet. Mais il est aussi nourri de l’idéologie ultra libérale façon UMP, en surfant sur la vague d’un consumérisme détraqué. Ses auteurs prennent les vessies du divertissement industriel pour les lanternes d’une culture éclairante.
Avant de nous pencher sur les dérives programmées par ce rapport de 2010, rappelons que l’action culturelle, comme celle d’autres ministère, sont aujourd’hui soumises à la doctrine RGPP (15), cet ensemble de lois décidées fin 2007 pour démanteler les politiques publiques. On peut suivre l’actualité de la RGPP sur le site que le gouvernement lui a dédié, et notamment dans le bilan du 30 juin 2010 et des décisions prises pour chaque ministère (pour le secteur culturel, c’est à la page 203). Rappelons que tout ce qui est décidé par la majorité gouvernementale doit coller à cette doctrine. Et pour ce qui est de la Culture pour chacun, c’est dans la logique de la RGPP que doivent être compris les récents projets culturels.

DIRECTEUR DE MUSÉE EN GALÈRE par Janfeig



(5)   François Mairesse : docteur en histoire de l'art de l'Université libre de Bruxelles et chargé de cours de muséologie à l'Université Lyon III ; directeur du Musée Royal de Mariemont (Belgique).

(6)   « Musées et collections publiques de France » est la revue de l’association générale des conservateurs des collections publiques de France, rédigée en partenariat avec le Ministère de la Culture, les conseils généraux du Nord et du Pas-de-Calais.
Dans l’article cité, Anne Krebs, du département étude, évaluation et prospective du musée du Louvre, souhaite y introduire des « interrogations sur le vocabulaire et les termes utilisés pour désigner les publics, ceux qui fréquentent naturellement, et ceux que l’on souhaite ‘toucher’, ‘conquérir’ ou ‘atteindre’… » Par ailleurs, elle admet que la« valeur » d’un équipement culturel, ne se mesurant pas à sa seule fréquentation, peut être aussi une « valeur d’existence et de présence » [au sein du territoire] ; ses apports perçus pour l’ensemble de la collectivité (…) ; sa valeur d’option pour la communauté (…) ou encore la valeur d’héritage (l’importance accordée au fait qu’il sera transmis…) » Elle reconnaît que « toutes ces dimensions sont aujourd’hui largement ignorées par les acteurs culturels ». Ajoutons qu’elles sont ignorées aussi par le ministère de la culture.

(7)   Pierre Bourdieu et Alain Darbel, L’amour de l’art : les musées d’art européens et leur public — Paris, Éd. de Minuit, 1966.

(8)   J.-C. Wallach ajoute : « Je ne pense pas que le ministère de la Culture se soit donné comme objectif l’accomplissement des publics. Il a d’abord et avant tout fonctionné comme un ministère de la création. À cause d’intérêts importants, tout le monde a voulu accréditer l’idée qu’il suffisait d’augmenter l’offre pour qu’elle se démocratise. Or les sociologues ont vite démontré que proximité spatiale et proximité sociale ne fonctionnaient pas de la même façon et qu’il ne suffisait pas de bâtir des équipements culturels pour que les gens entrent dedans. Ce qui est sûr, c’est que la consommation a augmenté. Ceux qui fréquentaient déjà les lieux culturels y sont allés plus souvent. »
J.C. Wallach est chargé de cours à l'Université Paris 1, ancien délégué du Syndeac (Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles).« La Culture, pour qui ? » 2006 (éditions de l'Attribut).

(9)   Marc Fumaroli, Droit au musée, droit des musées — éd. Dalloz, 1994.

(10)   Jacqueline Eidelman, Qui fréquente les musées à Paris ? une sociologie des publics des musées de France - Publics et musées, 1992 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1992_num_2_1_1014


(12)   Marc Ladreit de Lacharrière est un chef d’entreprise milliardaire ; ancien énarque, il a été vice-président-directeur général de l’Oréal, et administrateur d’Air France, France télécom, du Crédit Lyonnais, du musée du Louvre… il est aujourd’hui administrateur du groupe Casino, Renault, l’Oréal. Grand mécène, il crée, via FIMALAC, la fondation Culture & diversité en 2006. Marc Ladreit de Lacharrière a été décoré naturellement de la grand'croix de la Légion d’honneur.

(13)   Cf le tract de SUD Culture Solidaires du 7.04.2001 : « Cour des comptes : lourde charge contre la gestion des musées nationaux »

(14)   RSE : Responsabilité sociale des entreprises, ici dans le domaine culturel.

(15) « La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), programme de modernisation de l’action de l’Etat touchant l’ensemble des politiques publiques et l’ensemble des ministères, a été lancée en juin 2007 », dit le site du gouvernement. Le but principal est de réduire l’action publique, et les dépenses de l’État. La RGPP impose, sans réflexion sur les conséquences, des régressions sociales à tous les niveaux : diminutions de financements publics, économies d’échelles, suppressions de postes (un départ sur deux à la retraite non remplacé), externalisation de missions vers le privé, « partenariats » avec les entreprises quand l’État abandonne ses missions…

7 commentaires:

  1. Il est intéressant à noter comment on a désolidarisé la culture de l'éducation. De tout évidence cela n'a jamais effleuré les esprits des gens que si le monde l'art est si effrayant, c'est parce que les gens n'en savaient rien. Ma sœur qui dirige une école à l'étranger m'avait parlé du fait que la plupart des français sont culturellement illettrés. On fait jamais le lien entre la Sainte-Chapelle et Saint-Louis. A l'école, il n'est jamais question d'un opéra de Mozart, et de son rôle dans la lecture politique de son époque. Car la culture n'a de sens que dans sa place dans le tissus social. L'histoire de l'art doit être une partie intégrante de l'histoire tout court.

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  2. Bonjour,

    J'ai découvert votre blog aujourd'hui et je l'ai cité sur mon blog :
    http://cite.over-blog.com/article-la-politique-culturelle-en-questions-72023931.html
    Merci pour la suite... j'en reparle bien sûr.
    La Cité des sens.

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  3. Ouaouhh, t'as des articles sur rezo.net maintenant!!!

    Caroube

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  4. Merci pour cet article que j'ai lu mais que je vais imprimer pour pouvoir mieux le relire voire le travailler. Bonne continuation !
    Francis

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  5. merci pour vos commentaires qui invitent à voir plus loin, ou ailleurs, sur ces questions !
    J.

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  6. Dans le même ordre d'idées, une publication du DEPS, Culture et Médias 2030, avec l'appui de Futuribles International d'Hugues de Jouvenel, trace quatre scenarii qui tous confirment les analyses que vous développez.
    En ligne sur le site du ministère : www.culturemedias2030.culture.gouv.fr.
    A suivre...

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  7. Ouaip, la publication dont vous parlez illustre en effet l'évolution de cette conception d'une culture qui, notamment, doit aller vers les communautés.
    J'ai cité "Culture et Médias 2030" début avril, dans la première partie de mon texte, pour cette raison (http://canard-aux-figues.blogspot.com/2011/04/culture-pour-chacun-pour-soi-une.html). Les 4 scenarii ne sont que des scenarii, mais on y trouve quelques préconisations qui valent leur pesant de caca. Huète.

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