31 mars 2010

Clarins toi l'oeil !

Dans la série "eh les meufs, vous n'en avez pas marre qu'on vous parle comme ça ???", j'ai trouvé cette publicité Clarins dans un quotidien : une véritable ode à la grâce et à la poésie.


Le vélo dressé, la selle, le slogan "succombez aux Tentations Corps Clarins", le flacon qui ressemble à un gode: les femmes pourront-elles se payer des orgasmes en achetant ce produit ?
Heureusement Clarins n'a jamais réédité cette pub.

embrassez le sphinx ! (le conformisme comportemental du touriste)

Les photos prises par les touristes quand ils approchent du Sphinx, durant leur voyage en Egypte, montrent que, là aussi, il est question de "faire ce que tout le monde fait". J'ai collecté sur google images, d'après diverses sources, ces photos. Les gens, revenus d'Egypte, mettent en ligne leurs photos et je n'ai eu qu'à les accumuler...
On visite les lieux obligés, sans tenter le dépaysement ; on emprunte le circuit et on fait sa photo dans cette pose, toujours la même, "comme tous les autres" ; il ne s'agit ni d'être original ni d'être drôle, mais de s'inscrire dans un rituel familier.


...Evidemment que je me suis amusé à faire ce montage !

30 mars 2010

la liberté attend ceux qui quittent leurs communautés

Je réagis à une discussion récente, où j'entendais ceci, en substance : "moi qui ai fait le choix de la liberté, je n'aime pas le conformisme des religieux, qui se voilent, se chapeautent ou s'emperruquent". Et je soutenais que nous, athées, on n'était pas forcément plus libres qu'eux... rien de neuf : on est tous faits de conformismes, et si ce n'est pas dans les apparences, c'est parfois plus profondément : dans nos comportements, notre façon de penser.
On peut se féliciter d'être athée ou libéral, mais quand on grandit dans un milieu athée ou libéral, on ne fait que suivre des voies déjà tracées.
Si les religieux sont conformistes, ils sont bien conscients de se conformer avant tout à des codes vestimentaires et de conduite, et ils peuvent garder, dans une certaine mesure, une liberté de pensée. Les autres, qui se félicitent de leur liberté (leur ego se satisfait mal d'admettre ce à quoi ils se soumettent), suivent souvent des codes d'apparences, eux aussi : se teindre les cheveux quand ils blanchissent, s'habiller comme on s'habille à un certain âge, tenir notre rang social, sexuel, politique ou communautaire. Sans parler des marques de vêtements, des apparats, des bijoux, de la voiture qu'on possède, des manières dont on les exhibe.
Par exemple, certains peuvent sans doute deviner des idées que je défends en observant ma façon de me comporter, mes vêtements. Parce que oui, on représente presque toujours notre appartenance (communautaire, politique ou sociale) par notre apparence. Mais qu'est-ce qui nous oblige à ça ?
Pas grand-chose, sinon la force inconsciente du collectif.
Finalement, les femmes voilées ou emperruquées, les barbus, les moines, les VRP en costumes 3-pièces..., se soumettent à des obligations bien plus impérieuses : il leur est demandé de respecter des codes vestimentaires, et il est bien plus difficile, pour eux que pour moi, d'y déroger sans être discrédité.

Le "choix" des femmes voilées ou emperruquées, par exemple, existe, mais il faut se rappeler qu'il est très difficile de refuser les codes de son groupe, car le prix peut être de se soustraire entièrement à ce groupe. Le juif loubavitch qui refuse les papillotes et l'austérité vestimentaire ; la musulmane d'une communauté ultra-religieuse, qui par cohérence avec ses idées, déciderait de se balader en short et à visage découvert ; le transsexuel, qui pour assumer ce qu'il est, se met à porter des vêtements faits pour l'autre sexe ; le dernier héritier d'une noblesse provinciale qui se choisit des fringues au rabais trouées, avec des piercings... Pour ceux-là, abandonner une série de codes et adopter une autre apparence revient à s'exclure de leurs groupes d'origine. C'est forcément une rupture, violente mais fondatrice. C'est violent, quand nos rejets sont plus forts que le besoin de reconnaissance de nos proches. C'est fondateur, quand on assume ce qu'on est, plus fortement que ce qui est exigé de nous.

Ils sont nombreux, ceux d'entre nous qui sont prêts à s'extraire de leurs groupes d'origine ?

Eh ouais : la liberté est le fruit de ruptures et de renoncements.


Alors, ceux d'entre nous qui ne subissent pas de diktats religieux ou communautaires, mais qui obéissent pourtant à des diktats vestimentaires et comportementaux : n'obéissent-ils pas à quelque chose de plus rampant et de plus efficacement imposé ? Sans doute. La société libérale impose ses codes. On tient son rang ; on sauve les apparences ; on affiche nos idées, nos appartenances à des communautés, artistiques, politiques, sociales... avec la trouille de perdre la reconnaissance de nos pairs. Je repense en souriant à un uniforme : pantalon treillis et veste survêt vintage, bonnet péruvien, barbe de trois jours ou bandeau touareg sur la tête des filles — un ensemble estampillé "intermittent du spectacle". Un exemple. Quand aucune loi ne nous impose d'apparat, la seule chose qui peut nous forcer à adopter des codes, c'est l'auto-persuasion inconsciente.

La liberté, elle pousse à s'extraire des codes, même des codes implicites, des styles et des modes. La liberté, ce n'est pas de conformer à l'uniforme qui clame "voyez comme je suis libre" ; c'est s'habiller d'une chemise à jabot au bureau, ou mettre un foulard Hermès en rave-party.