17 septembre 2009

"Violent days", de Lucile Chaufour



"Violent Days" est le premier long-métrage de Lucile Chaufour. Une fiction en forme de road-movie : 4 copains aux allures rockabilly, dont une belle blonde peroxydée façon pin-up des fifties (Serena Lunn), se préparent à aller voir un concert au Havre. Pour les mecs, cette soirée est un exutoire, un moment qui leur donne la liberté de faire des conneries, de se balancer de la bière à la figure, de se bourrer la gueule avant de prendre le volant.
Tout au long de cette narration, s'incrustent des interviews d'autres fans de ce rock dont Gene et Elvis sont les grandes icônes ; ils disent comment la musique leur est salvatrice. En famille, au boulot, dans les bars, ils racontent comment le rock, l'attitude, la musique, la bière, les groupes de potes, sont des exutoires qui leur permettent de vivre au-delà de leurs contingences — parce que pour le reste, fonder une famille, se coltiner les corvées à la maison et subir les patrons au boulot, c'est bien obligé.
Chaufour entremêle très étroitement la narration fictive et les interviews, faisant même passer les voix des vrais témoins pendant les images de la narration fictive, ce qui rend la fiction d'autant plus en phase avec le propos du film : comment le manque, les cités et l'usine ont fait naître ces rebelles sans causes, affirmant si brutalement leur virilité, leur simple existence, un peu voyous parce qu'il faut bien s'occuper.

Ce beau film se déroule dans un miraculeux noir et blanc granuleux, un peu cramé, une ambiance qui me rappelait l'ultraréalisme du moyen métrage de Jean-François Richet, "état des lieux".

C'est une histoire commune sur des hommes en quête de dépassements. Elle se termine au petit matin qui suit le concert, et ce ne sont pas les hommes qui apparaissent dans la dernière séquence...

voir la géopolitique avec des oeillères

Vu dans le métro aujourd'hui, un grand sticker :
"les crimes contre l'humanité /
concernent TOUTE l'humanité /
Boycott Israël"

La couleur de fond, jaune cru, était celle des stickers d'Europalestine. Le message fait appel à un véritable altruisme : même si ça se passe loin de chez nous, cela nous concerne, nous avons un avis à donner, une aciton à entreprendre. Et c'est certain, Israël mène une politique criminelle que nous pouvons dénoncer.
Or mon exécration des propagandes réductrices, débiles et haineuses, m'a déjà poussé à mieux connaître les organisations qui en sont les auteurs. J'en connais un peu la rhétorique simple : Europalestine, comme le CAPJPO et d'autres, utilisent les milieux de gauche pour véhiculer un antisioniste sans nuance, qui n'est la plupart du temps qu'une méfiance du monde juif, voire un antisémitisme carrément assumé (même si personne ne se dit ouvertement "antisémite").
Ces organisations n'envisagent qu'un seul frein à l'épanouissement du monde, à savoir un axe du mal Américano-sioniste. Elles servent plus ou moins directement les partis populistes et souvent religieux qui tentent de fleurir dans le monde arabo-musulman. Et dans cette obsession, ils en oublient de pointer non seulement les autres maux qui accablent les peuples arabes — despotismes, fondamentalismes, corruption des pouvoirs — mais surtout d'autres criminels contre l'humanité qui sévissent sur la planète.
Jamais je n'entends ces voix-là dénoncer les crimes du Rwanda, du Darfour, du Tibet ou du Sri-Lanka. Des victimes très nombreuses, selon des méthodes presque industrielles et des idéologies complètement tarées. Ces voix-là n'en parlent pas, parce que ces voix-là sont un outil de propagande anti-israélienne, nous ne les entendrons que dénoncer, en exagérant volontiers, les fautes dont Israël se rend coupable.

En lisant le texte, j'ai eu tout de suite envie d'ajouter :
"TOUS les crimes du l'humanité concernent TOUTE l'humanité".
... ce qui ne paraît pas du tout évident à Europalestine