1 décembre 2009

lois US et charia chrétienne

(Encore un truc exhumé de mon blog d'il y a 8 ans...)

La tendance conservatrice de la justice des Etats-Unis n’est pas nouvelle. Leur loi, plus encore qu'en France, s’articule autour de la religion et du pêché.
On peut apprécier le folklore de la Bible Belt (Ceinture Biblique), zone ultra-conservatrice, qui s’étend du Texas à la Floride, même s'il y a encore du boulot à faire pour atteindre le niveau de justice divine du Soudan ou de l'Iran. Peut-on parler d'une sorte de Chariah chrétienne ?
Voici quelques jolies lois, qui sentent fort la frustration et la violence des législateurs... ça fait rire ou ça fait froid dans le dos, mais ça éclaire bien une certaine mentalité qui perdure aux Etats-Unis.
D'autant que chaque état légifère, et parfois ça légifère à mort à une échelle plus locale encore.

dessin de janfeig
Il est illégal de jouer aux cartes dans la rue avec un indien (Globe, Arizona).

Un homme peut frapper sa femme, mais pas plus d’une fois par mois (Arkansas).

A Los Angeles, Californie, un homme peut légalement frapper sa femme avec une ceinture de cuir, à condition que la ceinture fasse moins de 2 pouces de large, ou s'il a l'autorisation de sa femme d'en utiliser une plus large.

Le flirt entre un homme et une femme est passible d’une peine de 30 jours de prison (Arkansas).

En Californie, il est interdit de vendre de l'alcool entre 2 et 7h du matin.

Il est illégal pour une secrétaire d'être seule avec son patron (Pasadena, Californie).

Il est obligatoire pour un couple dormant dans la même chambre pour une nuit d’avoir des lits séparés d'au moins 60 cm, et il est illégal de faire l'amour sur le sol entre ces lits. (Caroline du nord).

Il est illégal d’amener une cheval dans une auberge, sauf s'il porte un pantalon (Caroline du sud).

Il est illégal de sortir dans la rue vêtu de façon à laisser un doute sur son sexe (Durango, Colorado).

Dans le Minessota, les femmes risquent jusqu'à 30 jours de prison si elles se déguisent en Père Noël.

Il est illégal de changer les vêtements d'un mannequin de vitrine sans baisser le rideau (Georgie)

Il est illégal de s’embrasser plus d'une seconde (Halethorpe, Maryland)

Il est illégal pour une femme de s’asseoir sur les genoux d'un homme dans le bus ou le train, sans mettre de coussin entre eux ; peine de 6 mois de prison (Washington).

La vitesse des camions de pompier est limitée à 40km/h, même pour aller sur un incendie (Nouvelle Angleterre)

Il est illégal pour un pompier de sauver une femme en chemise de nuit. Il doit attendre qu'elle soit totalement vêtue (Saint Louis, Missouri)

Les camions de pompier doivent s'arrêter à tous les feux rouges (Nouvelle Orléans, Louisiane)

Il est illégal de servir des Bretzels avec la bière (Dakota du Nord)

Il est illégal de diffuser un film mettant en scène des officiers de police en mauvaise posture (Dakota du Sud) — mais c'est pareil en France, non ?

Les personnes malades, laides, handicapées, ou deformées au point d'être repoussantes, n'ont pas le droit de sortir en ville (Chicaho, Illinois) — au moins, même si dans les faits c'est pareil ailleurs, dans l'Illinois on ne se cache pas derrière de bons sentiments.

Il est illégal pour les femmes de plus de 100 kg de faire du cheval en short (Guernee, Illinois)

Il est illégal pour une femme d'ouvrir le courrier de son mari (Montana).

Le flirt est interdit, de même que les clins d'oeil ou les attouchements des mains (San Antonio, Texas).

Il est illégal de nier l'existence de Dieu (Vermont) — et je n'ai pas trouvé la peine encourue...

Il est illégal de se déplacer avec une arme de plus de 1m80 de long (Seattle, Washington).

Les duels au pistolet à eau sont interdits (Salem, Massachusets)

Et comme on peut s’y attendre… cinq États condamnent la sodomie entre partenaires masculins : le Texas, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Missouri et le Kansas. Et dix états — Caroline du Nord et du Sud, Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Arizona, Idaho, Michigan, Minnesota — condamnent la sodomie quel que soit le sexe des deux partenaires.

3 novembre 2009

ghetto bassquake

http://ghettobassquake.blogspot.com/
C'est le site de Ghetto Bassquake, un DJ basé à Brixton qui mixe des musiques venues d'un peu partout dans le monde, et surtout des lieux que les majors et le grand public ignorent par nos contrées.
DJ Vamanos chope des rythme de ndombolo, de techno-zulu, reggaeton, de beat-box merengue, batida surpêchue,... il capte et fait entendre ce qui fait bouger les gamins d'un peu partout en Afrique et en Amérique du sud notamment, dans les cités, les studios de quartiers, les ghettos, dans les marges des grandes villes. Au passage, il en fait un mix censé faire remuer du cul pendant des heures,
Bref, son site est une mine pour ceux qui s'intéressent aux "cultures populaires mondialisées" (c'est tout autre chose que la world, qui n'est que l'adaptation de folklores pour un public occidental en quête d'exotisme).

Ghetto Bassquake me plaît parce que j'y entrevois un lien entre des minots qui, un peu partout, font péter les caissons pour exister (et tant pis si ça dézingue parfois les valeurs morales et culturelles en place).

A Paris, les scènes ne sont pas légion pour écouter de telles influences, je me souviens du Tryptique, salle récemment disparue, sinon il y a quelques scènes, en banlieue surtout — en Seine saint Denis surtout...

dans cette mouvance, il y a aussi :
http://murkle.wordpress.com/
http://maddecent.com/blog/
http://www.greenowl.com (des perles ! des perles !)
http://www.myspace.com/majorlazer
http://reggaeton.co.uk/X/ (nourrit mon attirance vers

http://analogafrica.blogspot.com/

et pour remonter un peu dans le temps :
http://radiodiffusion.wordpress.com/ (ce que les gamins du monde entier ont fait de mieux depuis les années 50, avec des instruments branchés sur secteur)

25 octobre 2009

rétrospective Guy Maddin au centre Pompidou-pidou !

Il y a quelques jours un ami me demandait si je connaissais un certain Guy Maddin, et je lui ai répondu rapidement que c'est un cinéaste à l'univers étonnant, qui utilise les codes du ciné expressionniste muet, avec un boulot de narration entre surréalisme et pastiche.

David Cronenberg, un mec qui s'y connaît, en dit : « Étrangement touchants, drôles et tout simplement fabuleux ! Si vous avez vraiment l'intention d'entreprendre un grand voyage dans le continuum temporel de l'espace cinématographique, sautez à bord de l'un des vaisseaux spatiaux de Maddin ».

Depuis que j'ai vu The saddest music in the world il y a quelques années, je trippe, je tripppe. C'est une oeuvre qui se construit depuis les années 80 sur des influences visuelles, narratives et musicales (oui, même dans ses films muets) et plein de clins d'oeil réjouissants. C'est une façon de parler bien à lui : un cinéma étrange et intime à la fois, fascinant, terrifiant, qui décortique les fantasmes, les sales sentiments (culpabilité et le poids de la filiation) avec une drôlerie jaunâtre. Certains y verront du cinéma transgressif parce que ça bouscule les codes ; surtout, ça donne le sourire et ça fout le frisson.

Rétrospective du 15 octobre au 7 novembre 2009
au centre Pompidou : infos ici

Dimanche 25 Octobre 2009
17:30    Des trous dans la tête ! - 2006 noir et blanc (95'), précédé du court métrage Footsteps

Mercredi 28 Octobre 2009
20:00    Dracula, Pages tirées du journal d'une vierge, Guy Maddin, 2001 noir et blanc (75')
La rencontre entre le personnage créé par Bram Stoker et les 1ère et 2ème Symphonies de Gustav Mahler, irriguée par la poésie de Guy Maddin

Vendredi 30 Octobre 2009
20:00   Archangel - 1990 noir et blanc (83')
Précédé des courts métrages The Heart of the World et Night Mayor (inédit, sous réserve)

Samedi 31 Octobre 2009
17:30    Tales from the Gimli Hospital - 1988 noir et blanc (72')
Précédé des courts métrages The Dead Father et Hospital Fragment

Samedi 31 Octobre 2009
20:00    Des trous dans la tête ! - 2006 noir et blanc (95')
Précédé du court métrage Footsteps.

Dimanche 1 Novembre 2009
17:30    The Saddest Music in the World - 2003 noir et blanc et couleur (99')
précédé du court métrage My Dad is 100 Years Old, d'Isabella Rossellini et Guy Maddin

Mercredi 4 Novembre 2009
20:00    Et les lâches s'agenouillent... - 2003 noir et blanc (65')
précédé du court métrage Les Chants d'amour - Cahiers de brouillon (4 segments d'un film perdu)

Vendredi 6 Novembre 2009
20:00    Le crépuscule des nymphes de galce - 1997 couleur (92')
Précédé du court métrage Odin's Shield Maiden, de Guy Maddin

Samedi 7 Novembre 2009
17:30    Guy Maddin : en attendant le crépuscule, Noam Gonick, 1997 couleur (60')
Une séance autour du documentaire inédit de Noam Gonick, accompagné du film de Marie Losier et des courts métrages de Guy Maddin, pour mieux comprendre cet artiste hors normes.

Samedi 7 Novembre 2009
20:00    Careful - 1992 couleur (100')
Précédé des courts métrages Odilon Redon (version 1995) et Glorious (inédit)

20 octobre 2009

derrière le béton, les décombres

Est-ce l'approche de l'hiver, le froid qui nous entoure peu à peu ? Est-ce l'hégémonie d'une société archi-policée, policière, où les franches rigolades, les joies collectives ou les grandes colères, sont si rares ? Est-ce l'effacement des teintes chaudes et les nuits plus longues ?

Les crépis se craquèlent ; les atours et les enveloppes, malgré leur bonne facture, tombent ; le vernis finit par s'écailler. Le carrelage, la jolie peinture glycéro brillante finira par laisser voir le fouillis de câbles jusque là cachés, la poussière, les détritus et les gravats. Sous les pavés la plage ? Peut-être, mais derrière le béton, les décombres.

J'aimais jusqu'ici prendre en photo des chantiers immobiliers ou des sites détruits parce qu'ils étaient les squelettes de la ville, les structures urbaines en devenir ou bien détruites, sites d'activité industrielle aux ouvriers agglutinés autour des machines-outils et des Algeco. Or cette réalité-là n'est pas circonscrite aux sites industriels, elle n'est pas réduite aux lieux en transformation : la structure nue de notre environnement est partout. C'est un certain regard sur les choses : soudain, le vernis tout neuf, le joli ravalement, le mur kärchérisé, la bossa nova égrenée des hauts-parleurs sur les quais du métro, la rue fraîchement goudronnée, les enseignes et les espaces verts bien tondus, tout cela s'avère le cache-misère qui nous permet de ne pas penser à, de ne pas constater la ruine.
Quand on mate l'image d'un sourire publicitaire sur une affiche, quand on voit les beaux panneaux colorés en plexiglas qui recouvrent la devanture du centre commercial, ou les rayonnages des supermarchés —"les vitrines du capitalisme" comme disaient les commandos antipub — c'est le déclin de notre monde que je fixe. C'est la fine couche de cosmétique qui couvre le réseau nerveux abîmé, l'étoffe soyeuse qui cache le squelette branlant.

La gueule du cache-misère en dit long sur la misère. Voyeur que je suis, je me mets à photographier les tentatives des municipalités, des industries, des autorités... de rendre notre monde plus acceptable, plus décoré, les tentatives d'en sauver les apparences. Les sourires, les revêtements, les produits équitables, les couleurs pastel des packs lé, les effets d'annonces, et les campagnes pour le bio.
Parce qu'on ne peut plus être dupe : ce qu'on appelle l'ordre public n'est que le vernis d'un monde dévasté, dans lequel on a pris l'habitude d'évoluer.

"Faut pas payer !" de Dario Fo - du 13/11 au 13/12


"Faut Pas Payer !" - Une pièce qui parle comme on vit.

Ecrite par Dario Fo dans la crise de l’Italie des années 70, "Faut Pas Payer" raconte une crise qui plonge des travailleurs dans la pauvreté... Elle parle du refus de la fatalité, de la désobéissance, de la solidarité.

Une pièce de boulevard politique,
du théâtre populaire comme on aime !

Au théâtre La Belle Etoile
du 13 novembre au 13 décembre 2009

Du jeudi au samedi à 20h30, dimanche à 16h
Réservations conseillées au 01 49 98 39 20
Tarifs 18 et 10 Eu - resto léger sur place.

La Belle Etoile,
14 rue saint-Just, La plaine - Saint-Denis (93)
M° Porte de La Chapelle -
Bus 153 arrêt Eglise de La Plaine

Infos ICI
et site de Jolie môme ICI

11 octobre 2009

"Bien dans ma vie !" le journal des pauv' Barbie !


Il y a quelques temps sévissait un magazine féminin (une magazinette ?) pour meufasses bien décérébrées : "Bien dans ma vie !" dont les pubs ornaient des couloirs de métro. Un peu comme ISA ou Jeune & Jolie mais en plus grave : "Bien dans ma vie !" devait donner aux lectrices le sentiment d'être libérées, maîtresses de leurs choix et de leurs désirs. 

En fait, les articles proposent aux femmes de se maintenir dans un rôle fonctionnel, où on les a tenues depuis des siècles en Europe. Les femmes y ont une fonction décorative : être le faire-valoir des hommes, les seconder dans leur vie matérielle, n'exister que pour/par eux.

La lectrice de Bien dans ma vie se conforte dans l'idée que seule l'intuition (qualité féminine, on le sait) doit la guider, et que réfléchir, décider, c'est prise de tête. Le dieu-consommation règne dans les pages : on collectionne les mâles pour prouver sa féminité, on réduit les hommes et soi-même à des biens consommables pour éviter toute effusion de sentiments.
Ne pas penser, ne jamais s'arrêter sur soi, ne pas prendre parti, n'exister que par son statut de femelle : séduire pour réussir, jouer de ses atouts sexuels...

"Soyez vous-mêmes, faites ce que vos désirs vous dictent". C'est tout le talent des communicants : faire une promesse de liberté en serrant plus fort les chaînes.

Dans le genre, "Bien dans ma vie !" bat un record : ça valait bien un hommage...

6 octobre 2009

La version Star Trek de l'UMP

Dans mon 19ème arrondissement parisien, les élus UMP tentent de paraître jeunes et dynamiques, au moins en photos, sur les affiches. Sans doute conseillés par des communicants gavés de séries télé, ils revêtent les atours des héros des films d'action américains.


Jean-Jacques GIANNESINI et Anne-Constance (oui, oui...) ONGHÉNA sont nos nouveaux sauveurs ; regards de défi, mains sur les hanches, ils portent leur suffisance en étendard, et montrent qu'ils sont prêt à nous impressionner, à faire du spectaculaire.

Action, émotion, aventure...  Prochainement, retrouvez vos élus UMP  dans : "Star Trek V.19"

17 septembre 2009

"Violent days", de Lucile Chaufour



"Violent Days" est le premier long-métrage de Lucile Chaufour. Une fiction en forme de road-movie : 4 copains aux allures rockabilly, dont une belle blonde peroxydée façon pin-up des fifties (Serena Lunn), se préparent à aller voir un concert au Havre. Pour les mecs, cette soirée est un exutoire, un moment qui leur donne la liberté de faire des conneries, de se balancer de la bière à la figure, de se bourrer la gueule avant de prendre le volant.
Tout au long de cette narration, s'incrustent des interviews d'autres fans de ce rock dont Gene et Elvis sont les grandes icônes ; ils disent comment la musique leur est salvatrice. En famille, au boulot, dans les bars, ils racontent comment le rock, l'attitude, la musique, la bière, les groupes de potes, sont des exutoires qui leur permettent de vivre au-delà de leurs contingences — parce que pour le reste, fonder une famille, se coltiner les corvées à la maison et subir les patrons au boulot, c'est bien obligé.
Chaufour entremêle très étroitement la narration fictive et les interviews, faisant même passer les voix des vrais témoins pendant les images de la narration fictive, ce qui rend la fiction d'autant plus en phase avec le propos du film : comment le manque, les cités et l'usine ont fait naître ces rebelles sans causes, affirmant si brutalement leur virilité, leur simple existence, un peu voyous parce qu'il faut bien s'occuper.

Ce beau film se déroule dans un miraculeux noir et blanc granuleux, un peu cramé, une ambiance qui me rappelait l'ultraréalisme du moyen métrage de Jean-François Richet, "état des lieux".

C'est une histoire commune sur des hommes en quête de dépassements. Elle se termine au petit matin qui suit le concert, et ce ne sont pas les hommes qui apparaissent dans la dernière séquence...

voir la géopolitique avec des oeillères

Vu dans le métro aujourd'hui, un grand sticker :
"les crimes contre l'humanité /
concernent TOUTE l'humanité /
Boycott Israël"

La couleur de fond, jaune cru, était celle des stickers d'Europalestine. Le message fait appel à un véritable altruisme : même si ça se passe loin de chez nous, cela nous concerne, nous avons un avis à donner, une aciton à entreprendre. Et c'est certain, Israël mène une politique criminelle que nous pouvons dénoncer.
Or mon exécration des propagandes réductrices, débiles et haineuses, m'a déjà poussé à mieux connaître les organisations qui en sont les auteurs. J'en connais un peu la rhétorique simple : Europalestine, comme le CAPJPO et d'autres, utilisent les milieux de gauche pour véhiculer un antisioniste sans nuance, qui n'est la plupart du temps qu'une méfiance du monde juif, voire un antisémitisme carrément assumé (même si personne ne se dit ouvertement "antisémite").
Ces organisations n'envisagent qu'un seul frein à l'épanouissement du monde, à savoir un axe du mal Américano-sioniste. Elles servent plus ou moins directement les partis populistes et souvent religieux qui tentent de fleurir dans le monde arabo-musulman. Et dans cette obsession, ils en oublient de pointer non seulement les autres maux qui accablent les peuples arabes — despotismes, fondamentalismes, corruption des pouvoirs — mais surtout d'autres criminels contre l'humanité qui sévissent sur la planète.
Jamais je n'entends ces voix-là dénoncer les crimes du Rwanda, du Darfour, du Tibet ou du Sri-Lanka. Des victimes très nombreuses, selon des méthodes presque industrielles et des idéologies complètement tarées. Ces voix-là n'en parlent pas, parce que ces voix-là sont un outil de propagande anti-israélienne, nous ne les entendrons que dénoncer, en exagérant volontiers, les fautes dont Israël se rend coupable.

En lisant le texte, j'ai eu tout de suite envie d'ajouter :
"TOUS les crimes du l'humanité concernent TOUTE l'humanité".
... ce qui ne paraît pas du tout évident à Europalestine

4 septembre 2009

Les images d'Epinal sur l'Afrique et la culture "world"

En ce moment à Paris, le festival rue Léon invite des artistes africains, musiciens, conteurs, etc. La programmation est attirante, mais le texte de l'annonce cible un public en mal d'exotisme et fait appel à des archétypes confortant nos préjugés sur la figure de l'artiste africain.

Retrouvez dans le cadre du "festival Rue Léon #10" (jusqu'au 19 septembre) des concerts de musique africaine du mercredi au samedi à 20h30 à l'Olympic Café. Peul, créoles, malinké, pulaar, bambara, Diallo [il doit s'agir des Diolas , Diallo étant un patronyme peul] , wolof, könon, arabe, français, wassoulou? autant de langues employées tour à tour par les griots, musiciens africains et européens, pour délivrer des messages singuliers, liés à leurs histoires et leurs cultures, et universels puisqu'il s'agit avant tout de plonger tous les publics dans une danse chaude et fraternelle. Les mille langues de l'Afrique se donnent rendez-vous et nous convient à découvrir une culture forte, polyglotte et orale où chacun peut découvrir dans quelle mesure nous sommes tous des africains?

Le texte n'est qu'une accroche et n'a rien d'unique, dans son genre. Au contaire, il est dans l'air du temps et j'aurais pu prendre beaucoup d'autres exemples d'annonces d'évènements autour sur cette culture " world ", une culture qui se veut universelle, métissée , colorée, fes
tive, et qui occupe d'autant plus l'espace urbain que nos moeurs s'uniformisent et que la vie sociale et politique se couvre de grisaille.
On est ici dans le registre du spectacle et des sensations, le public veut danser, veut de l'exotique, du dépaysement (pas si dépaysant que ça, quand il se superpose si bien à nos images d'Epinal). Le texte n'a pas vraiment de sens, sinon celui de nous donner l'illusion que l'Afrique colle à une représentation de fraternité, de danse, et que chacun de nous devrait s'identifier aux Africains (quand il ne l'est pas déjà). Mais la culture africaine est-elle unique ? peut-on la réduire à une culture polyglotte et orale au lieu d'une foule de cultures parfois fondamentalement différentes et divergente s ? La civilisation éthiopienne, cosmopolite depuis un millénaire, les royaumes bambara du Mali, les peuples Angolais, influencés par les portugais, Congolais, par les Belges, les populations islamiques, animistes, chrétiennes, aux traditions patriarcales fortes ou pas, ayant des philosophies et des cosmologies différentes... tout cela peut-il constituer une même culture, qu'on voudrait voir uniformisée dans une représentation festive et sympa parce qu'alternative à la culture parisienne ?
On est ici dans le registre du spectacle et des sensations. On évoque des vertus telles que la fraternité et l'universalité pour attirer le public. Veut-on flatter les Africains invités avec cette formule qui sonne si bien - "nous sommes tous des Africains" ?
Quant aux griots, il est important, parfois, de rétablir certaines vérités. Les griots sont avant tout des troubadours dont l'art est un commerce. Ils sont chargés de chanter des louanges, d'enjoliver l'histoire des grands de ce monde pour la diffuser, comme Paris-Match l'aurait fait en usant de musique et de poésie, auprès du bon peuple.
Comme dit Mamadou Lamine Traore :

les griots "ont la mémoire plus sélective que celle des historiens occidentaux. Leur savoir, s'il aide à jeter des jalons, ne peut suffire dans la reconstitution du passé africain. Le griot est plus un poète qu'un homme de science ; chaque parole qu'il exprime doit être acceptée par la communauté à laquelle il s'adresse. De sa bouche sort toujours la vérité car il en est le Maître. Sa vérité est plutôt d'ordre subjectif qu'objectif ; elle est plus proche de la parole du prêtre et du devin que de la vérité du mathématicien.

* Les griots sont des « troubadours fonctionnaires », dépendants des grandes familles ou de certaines ethnies. Ils gardent en mémoire les hauts faits de ces familles et ethnies et se les transmettent de père en fils. Par exemple, l'histoire de l'Empire du Mali est rapportée dans une suite de paroles laudatives et hymnes adressés à la famille Soundiata, le plus brillant des empereurs du Mali. Les griots constituent une caste de maîtres du verbe attirés par le pouvoir et la richesse"

in "Philosophie et géomancie", 1979.

Le jugement est sévère mais il a le mérite de démystifier la fonction de griot. Pas des poètes maudits, pas des baladins, pas des raporteurs objectifs de l'histoires des peuples africains, mais des louangeurs, des nègres, quoi. Talentueux, fascinants parfois... Attirer un public large vers la connaissance d'autres civilisation, ça n'oblige pas à les mystifier en les qualifiant d'universelles et en les rendant absolument exotiques. Il serait profitable de redonner aux cultures africaines leurs unicités et spécificités, sans amalgames. De dire, justement, que nous ne sommes pas tous des Africains, et que c'est justement une bonne raison de faire mieux connaissance avec eux.

Et comme la programmation du festival bêtement nommé "nous sommes tous des Africains" est bien chouette, je vous fais part des infos :

Bademba (blues Mandingue, Burkina Faso) ce vendredi 4 & 11 & 18 sept - Entrée 5€, Black Pyramide (Sabar, Sénégal) ce samedi 5 & 12 & 19 sept - Entrée 1€, Mam Sika (contes, Bénin) mardi 8 & 15 sept - Entrée 1€, Pakare (zouk, Antilles) mercre di 16 septembre - Entrée 1€, et Bachir Sanogo (jazz, Côte d'Ivoire) mercredi 9 septembre - Entrée 1€.

Tous les jours jusqu'au 19 septembre à 20h30
Olympic Café :
20 rue Léon, 75018 Paris
M° Château-Rouge


http://www.rueleon.net/


14 août 2009

Idriss Deby le despote, considéré par le presse bourgeoise française comme "bâtisseur au service de son pays"

Ce mois-ci, le magazine l'Essentiel des relations internationales, appartenant aux éditions Prestige Communication fait la une sur Idriss Deby, un bâtisseur au service de son pays. Il se focalise sur la croissance exemplaire, sur les bonnes relations entretenues avec l'international... Qui faut-il être pour diffuser de telles inepties ?
Prestige Comm' est une maison d'édition parisienne et édite 4 revues thématiques : Vivre Zen (Santé, bien être), The Luxury (guide hôtels, spa, golfs), l'Essentiel des relations internationales (politique, économie, société, culture) et le Club Cigare. Tu vois le genre...
Prestige Comm' s'adresse à cette grande bourgeoisie qui n'attend que d'être rassurée sur ses intérêts, sur ses valeurs, et qui espére que de bons Africains continueront à faire marcher le bizness comme avant les indépendances !
Rappelons un numéro spécial de L’essentiel des relations internationales de 2007, entièrement à la gloire d’Omar Bongo. Celui-ci y était présenté comme un "négociateur hors pair ", président d’un pays "à la croissance exemplaire".

C'est grave. Idriss Deby Itno est un despote, qui règne depuis 1990 sur le Tchad, au service de lui-même d'abord, de sa famille, de ses proches, de son ethnie (Zaghawas)... Après le coup d'état que la France l'a aidé à mener contre le dictateur Hissène Habré, Deby, ancien élève de l'Ecole militaire de Paris, a instauré une république bananière. Chaque scrutin (1996, 2001, 2005) est le fruit de fraudes, agrémenté du financement de candidatures fictives et de manipulations de la Constitution. Je me souviens de vidéos-pirates, montrant des soldats tchadiens sortir en courant des bureaux de votes, les urnes pleines de bulletins dans les bras, sous les huées de la foule scandalisée.

L'appui de la France, c'est l'opération Épervier, dispositif en place depuis 1986 pour chasser les troupes libyennes, puis, depuis 1991, maintenu sur place sans aucune autre raison que de défendre le régime de Deby et les intérêts français. Epervier, ça a été jusqu'à 12000 soldats sur place (et aujourd'hui 1200).
La France poursuit la politique dite de "Françafrique" (comme dans d'autres anciennes colonies) où l'implantation d'autorités françaises et le soutien aux régimes en place pourvoit l'Hexagone en matières premières, en pétrole, en uranium, etc. Un système de soutien mutuel qui profite à notre pays et lui permet de rayonner au niveau international. Le système a été crée par De Gaulle par l'intermédiaire de Jacques Focart, de qui Pasqua avait pris le relais. Au Tchad, c'est un soutien politique et militaire inconditionnel au régime illégitime, notre pays armant le gouvernement de Deby contre l’opposition démocratique et la population en général.

La France offrit un silence complaisant lors de l'assassinat, en 1992, du Vice-Président de la Ligue tchadienne des Droits de l'Homme, Me Joseph Behidi ; lors de l'annulation d'une grande partie des mesures du plan d'assainissement, en 1993 (occasionnant des milliers de morts) ; lors du massacre des populations de Goré en 1995 (247 morts), et tant d'autres méfaits.
En 1993, Amnesty International dressait le bilan amer des trois premières années du régime Déby :
" La terreur règne toujours. On continue de repêcher des cadavres dans les eaux du Chari, le fleuve qui arrose N'Djaména. Plus de 800 personnes ont été exécutées de façon extra-judiciaire. [...] Quels que soient ses mots d'ordre, le gouvernement de Idriss Déby utilise aujourd'hui les méthodes de répression dont il disait vouloir débarrasser son pays à l'époque où il luttait contre le régime de Hissène Habré. Les assassins, les tortionnaires, les ravisseurs qui sévissent au Tchad appartiennent aux forces de sécurité de Idriss Déby ".
En 1996, l'organisation constate la banalisation de la torture et notamment le recours à l'arbatachar (les amateurs du bondage extrême connaissent peut-être cette forme de torture locale).
Deby règne en despote, réprimant les nombreuses rébellions (en 2000, on estimait à 25 000 morts le nombre de victimes du régime), appelant la France à l'aide lorsque son pouvoir est menacé — la France intervient en 2006 pour débarrasser le Tchad des troupes rebelles sur le point de prendre le pouvoir, et permet le retour du bon président Deby, en déplacement en Guinée Equatoriale.
Et ça continue : chasses aux sorcières, intimidations et séquestrations de journalistes, enlèvements d'opposants politiques. Et c'est cet homme, ce despote assassin, que L'essentiel des relations internationales décrit comme un bâtisseur au service de son pays.

Honte à l'Essentiel des relations internationales pour le peuple tchadien, honte pour les victimes de celui que vous portez aux nues, honte pour le soutien de ce journal à une dictature

Infos supplémentaires :

10 août 2009

GOLEM - de Jiri Barta

Jiri Barta, un Tchèque né en 1948 à Prague, a réalisé plusieurs films d'animation, dans la tradition tchèque pour le dessin et la technique, mais avec plein d'innovations et de mystères. Comme Jan Svankmajer, autre réalisateur de films d'animation qui m'a beaucoup marqué, il mêle les matériaux, leur donne une expressivité étonnante, et met en scène des légendes. Son "joueur de flûte de Hamelin" (un conte médiéval allemand) est superbe.
Là, je vous fais partager le travail préparatoire d'un film jamais réalisé entièrement : Golem. Ca date de 1996, c'est donc récent dans la carrière de Barta, et on peut voir cette merveille ici :
http://www.youtube.com/watch?v=ZcJFhiQMB8I

16 juillet 2009

cinquantenaire de la censure pour le ministère de la culture


2009 est l'année du cinquantenaire du Ministère de la culture, dont André Malraux fut le 1er ministre sous De Gaulle en 1959.
La comm' du Ministère a édité de jolis timbres avec le portrait du bonhomme, les cheveux au vent — une variante de la célèbre photo de Gisèle Freund.


Cherchez l'erreur.

Sur la photo d'origine, Malraux avait la cigarette aux lèvres. Cette clope au bec est aujourd'hui tellement inacceptable qu'il a été décidé de gommer le détail.
En 2009, la cigarette est un vice et les gens bien ne doivent pas se montrer clopant. Surtout pas en photo !!!

Je me souviens que dans les années 80, la censure avait frappé Lucky Luke, sommé dorénavant de mordiller un brin de paille.
Faudrait pas que la jeunesse imite les mauvaises manières de ses héros !
Voici donc Malraux, privé de sa clope, mais transformé en icône exemplaire... et tellement tendance !

10 juillet 2009

Interview de Manuel Valls : "Encore un clou dans le cercueil du PS"

une bonne tête de vainqueur !
"Des générations entières ont associé leur espoir au mot "socialisme". Mais cet attachement justifie-t-il de conserver un vocabulaire quand la gauche a partout échoué à le mettre en oeuvre ? A l'origine, Pierre Leroux a inventé ce mot pour faire pièce à l'individualisme : il y a là une dimension collective qui pourrait encore être utile. Mais Socialisme a surtout très longtemps signifié socialisation des moyens de production, ce qui est aujourd'hui tout à fait impossible !
Créer une espérance pour le XXIème siècle en utilisant un concept ambigu du XIXème siècle risque de brouiller notre identité. Il faut désormais privilégier la clarté du projet au fétichisme des mots. Un changement de nom serait un signe fort de notre rénovation."
Manuel VALLS, Libération, jeudi 9 juillet 2009

J'imagine Manuel Valls en privé, après l'interview :
"Voilà, je l'ai dit : il faut abandonner ce mot ! Faut vivre avec son temps, merde : privatiser, externaliser, assurer des dividendes aux actionnaires ! Et puis dire qu'il est "impossible de socialiser les moyens de production", c'est quand même plus malin que de dire que je suis de droite. J'ai même fait mon utopiste en parlant de dimension collective... haha ! Ce qui m'emmerde, c'est qu'il faut faire croire que le capitalisme est moderne, alors que c'est quand même une connerie vieille de 3 siècles... Il faudrait un nouveau nom de parti, qui évoque le fait qu'on est français avant tout, mais en laissant une vague idée du social... quelque chose avec les mots "national" et "socialiste". Oh, je tiens une idée !!!

8 juillet 2009

three frames

Le site Three frames met tous les jours en ligne une image "gif" animée, composé de trois images tirées d’un film.
Burlesques, étranges, horrifiques, déconcertantes, ces animation nous donnent à voir des séquences sous un nouvel éclairage....
http://threeframes.net/

21 juin 2009

Après la Gay-pride ? LA WJDHMC PRIDE !

La Marche des fiertés une fois par an, ça veut dire quoi ? Qu’on est fier d’être homo ? Il faudrait pour cela qu’être homosexuel soit un progrès, un bienfait ou une vertu. Franchement, bof. En revanche se battre pour conquérir des droits, rendre visible des minorités pour les faire accepter par tout le monde, oui. 
 
La fierté, en tant qu'inversion d'une honte trop longtemps subie, c'est intéressant de la revendiquer. La Gay Pride est un vrai mouvement militant quand elle s'associe pour défendre les droits de toutes les minorités, de genre, d'origine ethnique ou sociale. Elle devient alors un mouvement émancipateur, et ce sont des groupes comme Act-up, en France, qui ont permis cela. Mais le mot « pride » m'ennuie un peu... 
On peut être fier d'AGIR : avec courage, ténacité, intelligence et solidarité… Mais dès qu'un groupe se dit FIER d’être tout simplement ce qu’il est, il ne s'agit plus de revendications mais de chauvinisme ou de condescendance. Ou carrément de mépris des autres. Se dire fier du hasard de sa naissance, c'est le début des dérives identitaires ou communautaires merdiques.

Gaston Kelman écrit, dans son bouquin "je suis noir et je n'aime pas le manioc (2005) :

"Je suis noir et je n'en suis pas fier.
Franchement, je ne vois pas pourquoi je le serais. Tout simplement parce que je ne vois pas de raison à ce qu'on crie sa fierté d'être blanc, jaune, rouge ou noir. Je ne vois pas de raison pour qu'on soit fier d'être noir, et pour le Noir, c'est peut-être même plus que cela.
Je suis noir et j'en suis fier : cette affirmation comme beaucoup d'autres slogans du monde black, nous est venue des USA. James Brown, le talentueux parrain de la soul music a crié un jour : "Say it loud, I am black and proud." ("Dis-le fort : je suis noir et fier de l'être."). Il n'y a rien de plus pathétique pour un peuple que d'être obligé de revendiquer le simple droit à l'existence. Quand un peuple est acculé à crier sa fierté, c'est qu'il ne l'a justement pas encore acquise."
Avoir honte de ce qu'on est est évidemment dévastateur ; il me semble qu'en être fier l'est tout autant. J’ai toujours détesté ce registre-là. La fierté aristocrate valorise son pedigree, ses terres et ses traditions. La fierté musulmane signifie qu'Allah donne à ses fidèles une supériorité sur les mécréants. La fierté d’être une femme implique qu'elle peut être aussi concurrentielle et agressive que les hommes... Mais pire encore, il y a la fierté d’être homme. La fierté noire débouche trop souvent sur la Nation noire et sur l'idée de revanche sur le monde blanc. La fierté juive vient de l'idée d'un peuple élu, qui se targue d'être la conscience du monde » .
Je vomis autant la fierté du bourgeois des capitales, la fierté du terroir, la fierté d'être français, ou algérien, ou riche, ou pauvre, ou cosmopolite, ou manchot ou luthérien.
 

Vous voulez jouer à ça ? Allez. Je suis hétéro. Mais attention je suis aussi juif, de classe moyenne, enfant d'une Arabe et d'un européen de l'est. Et je suis blanc. Je vais créer la White Jewish Diaspora Hetero Middle-Class Pride. On va monter un lobbie, choper des tribunes et manifester une fois par an au nom de la fierté WJDHMC.

Trêve de connerie.
Faisons taire les « fiers ». Notre nombril ne vaut pas plus que celui du voisin. 
Simplement, assumons ce qu'on est, nos forces et nos fragilités, avec humilité et bienveillance. Le reste suivra.

12 juin 2009

Bonne surprise : l'expo William Blake, au petit Palais de Paris : jusqu'au 28 juin.

Bonne surprise : l'expo William Blake, au petit Palais de Paris : jusqu'au 28 juin.
Mauvaise surprise, d'abord, le prix. 8 $ en tarif plein, 6 $ pour les chomeurs. La pâââtrimoiiine cûûûlturel gratuit, l'accès démocratique aux collections, c'est encore une idée à bosser.

L'expo sur William Blake, "un génie visionnaire du romantisme anglais", est une bien meilleure surprise. Au début du parcours, les textes placardés nous expliquent rapidement son apprentissage et premières commandes. Une fascination pour le religieux qui se manifestait surtout par des dessins et gravures très figées, académiques, pompées sur l'iconographie médiévale.



La suite est bien plus étonnante. Ses visions prennent ensuite des formes plus libres, à mesure que son art s'affine (comme ma rate). Le trait devient plus audacieux et expressif notamment pour illustrer l'Enfer de Dante, et dans des thèmes bibliques qu'il traite avec passion.


Après, c'est étourdissant. Ceux qui pensaient aux pionniers d'une forme expressionniste tels que Daumier ou Kupka, ceux qui pensaient à des défricheurs symbolistes tels que Moreau ou Redon, doivent remonter dorénavant un siècle plus tôt pour comprendre d'où vient l'Heroic fantasy et des types comme Druillet... : Blake lâche sa dinguerie mystique dans des tableaux aux compositions biscornues et aux figures-caricatures.


Petites eaux-fortes ou lavis témoignent d'un sacré goût pour les petites scènes issues de légendes animistes ou des mythologies anciennes : visages ricanants, petits monstres, horreurs infernales et scènes drôlatiques brugheliennes. William Blake illustra des recueils prophétiques aux thèmes païens, animistes, passionnants, où se mêlent figures légendaires et puissance des éléments. Tout ça en eaux-fortes aux teintes éclatantes, pour "le livre de Thel", "les visions des filles d'Albion", etc.



Ses livres de poèmes tout en enluminures sont hallucinants. Il innove, invente des techniques pour faciliter ses productions, il avance.



Il aborde les thèmes de l'esclavage, un des premiers à en faire des représentations, et en montrant les symptômes marquants de la traite des nègres.


Sinon, Blake galérait toujours dans sa vie, ses expo étaient peu visitées - ingratitude du conformisme élisabéthain, qui sans doute aurait préféré de jolies illustrations plates de mages et de saints.

L'expo présente aussi des aquarelles et tempera de la fin de sa vie. Et franchement, on se réjouit quand même que ce type ait eu quelques mécènes bienveillants pour lui faire produire et exposer.

site :
William Blake au Petit Palais

16 mai 2009

relectures d'affiches du métro : campagne EDF

EDF lance une campagne. "Changer l'énergie ensemble".
EDF c'est ce gros pollueur-vainqueur, qui, encore un pied dans le service public, maintient une politique nucléaire forte (et s'apprête à participer à la relance du nucléaire britanique)...
EDF, c'est une grosse campagne pour les énergies renouvelables, alors qu'environ 90% de sa production est de sources non renouvelables - nucléaires en grande partie : EDF est le 1er exploitant de centrales au monde avec 58 réacteurs en exploitation).
EDF, c'est l'acquisition du 2ème réacteur EPR, décrié par une large part de la population et des organisations citoyennes. Et l'occultation d'infos sur la vulnérabilité du site EPR.
EDF c'est une belle entreprise privée, qui différencie ses tarifs selon la situation géographique des habitants, au détriment de l'égalité de l'accès aux services....

EDF lance sa campagne, donc, à grands frais pour te convaincre de sa bonne volonté.
"CHANGER L'ENERGIE ENSEMBLE". Pfff...
La notion
de développement durable, encore en 2009, reste floue, pour les pouvoirs publics comme pour les consommateurs et les entreprises ... EDF a donc bossé sur sa charte graphique, puis sur sa comm' afin de s'adapter aux nouvelles préoccupations. Développement durable, énergies renouvelables, économie des ressources, écologie... une bonne entreprise est censée aujourd'hui avoir un esprit bienveillant en la matière.
Or EDF est quali
fiée de «grands pollueurs dangereux», (comme d'autres entreprises, notamment nucléaire), et pâtit de l'image négative qui lui est associée. Pour lisser sa légitimité et sa place de partenaire honorable aux yeux des puissances internationales, il lui fallait changer son image.
La campagne "changer l'énergie ensemble" s'inscrit dans cet objectif. Blanc comme la virginité, bleu comme un ciel pur, minimaliste comme la simplicité des objectifs. Une fleur orange, un peu enfantine. Une composition qui donne confiance.

"L'énergie est notre avenir, économisons-là", dit le slogan. EDF qui vend de l'énergie a-t-il intérêt à ce que le consommateur use moins d'énergie ? Est-ce donc une campagne de prévention pour modifier les comportements ?
Alors, changer l'énergie... pour quoi ? changement dans l'esprit ? Dans l'image de marque ? Ou dans la politique écologique ?

* * * * * * *

Les affiches. 12 mètres carrés dans le métro, pour nous convaincre de ce changement, personnalités à l'appui.

Un handicapé, Emeric Martin : un visage et un nom à l'entreprise, histoire de nous la rendre plus familière. Il a une faiblesse mais il incarne courage et détermination, preuve à l'appui, sa combi de sport (blanche elle aussi). Sourire, confiance, regard entendu.
Le Message : EDF se met au service de tous, sans laisser pour compte les handicapés, mais promeut des vertus telles que l'optimisme et la combattivité. Rebondir, c'est changer de stratégie, d'objectifs, d'image. C'est super-positif, dynamique et sportif. "Rebondir", c'est même le nom d'un magasine économique... Bref, rebondir, c'est ce à quoi aspire Emeric, le type sympa en survêt. Evidemment, il aurait été malvenu de nous montrer un vieux doté de galères psychomotrices générant une malformation. Non, là, ça reste présentable. D'ailleurs, à part le fait d'être posé sur une chaise roulante, Emeric ne semble même pas du tout handicapé !

* * * * * * *

Une femme, Aude Mourrat, engagée dans des projets de développement durables. Belle, jeune et pas trop apprêtée (en apparence), l'horizon était au bout de ses yeux, elle incarne elle aussi une bonne conscience pour EDF. Elle donne l'image de l'entreprise soucieuse de parité (les femmes, une autre minorité à flatter, comme les handicapés), d'aide aux pays en difficultés (Aude, elle a bossé au Laos). Donc, on lui a collé des fringues d'aventurière, parce que le tailleur ou le collier de perles qu'elle aurait pu porter, ça le faisait moins. Un peu de sueur sur son visage parce qu'à EDF, on se crève le cul pour vous.
A propos de cul, on peut se demander si le choix de "histoire d'eau", c'est pas une allusion sexuelle assumée par la comm'... vendeur, non ?

Dans la campagne d'EDF, il n'y a guère de significations aux slogans : il s'agit plus de proposer des images par association d'idées que de vanter EDF pour des qualités réelles. On est ici dans le domaine de l'évocatif, non du significatif. La quintessence de la publicité, sans même les arguments.
Tiens, on n'a pas parlé du financement de cette campagne (que certains auront vue, en grandes affiches de métro et dans les rues, en pleines pages dans les quotidiens...). Quel impact sur les tarifs ?

9 mai 2009

Les requins marteaux / Ferraille.

Le site de Ferraille propose des BD, des fringues imprimés, affiches, le tout axé sur le graphisme d'auteurs ayant exploré des voies boudées par la plupart des auteurs et du lectorat. Les chemins qui puent, sont donc empruntés par Winshluss, José Parrondo, Charlie Schlingo, Bouzard, Willem, Placid, Baladi, Remi Malingrey...

Ils ont officé à Fluide Glacial, Métal Hurlant, Hara-Kiri, Pilote, à l'Association et ses diverses collections. Plein d'ouvrages colorés, rigolos, expérimentaux, morbides, poétiques, chevrotants et teigneux, qu'on peut trouver dans la liste de libraires et boutiques indiquées sur le site (pour éviter les Fnaques et autres pompeurs de talents)

http://www.lesrequinsmarteaux.org/

Nouveauté : PINOCCHIO de Winshluss, meilleur album BD au 36ème Festival International d'Angoulême.

10 avril 2009

"Si c'est un homme", de Primo Levi : Les parias

Primo Levi, en février 1944, est déporté dans un camp de travail, avec d'autres hommes qui, après avoir été séparés de leurs familles dans les conditions que l'on sait, sont réduits à n'être que des esclaves sans avenir et sans vie propre. Juifs, criminels, marginaux, gens du voyage, Grecs, Italiens, Polonais, Français, ils se retrouvent égaux dans le fond du fond.
Des travailleurs civils, parqués à part, les côtoient parfois, clandestinement ; mais ceux-ci constituent une caste plus "élevée", mieux traitée, de travailleurs du camp.


Primo Levi écrit :
"... pour les civils, nous sommes des parias. Plus ou moins explicitement, et avec toutes nuances qui vont du mépris à la commisération, les civils se disent que, pour avoir été condamnés à une telle vie, pour en être réduits à de telles conditions, il faut que nous soyons souillés de quelque faute mystérieuse et irréparable. Ils nous entendent parler dans toutes sortes de langues qu'ils ne comprennent pas et qui leur semblent aussi grotesques que des cris d'animaux. Ils nous voient ignoblement asservis, sans cheveux, sans honneur et sans nom, chaque jour battus, chaque jour plus abjects, et jamais ils ne voient dans nos yeux le moindre signe de rébellion, ou de paix, ou de foi. Ils nous connaissent chapardeurs et sournois, boueux, loqueteux et faméliques, et, prenant l'effet pour la cause, nous jugent dignes de notre abjection. Qui pourrait distinguer nos visages les uns des autres ? Pour eux, nous sommes "Kazett", neutre singulier."

* * * * * * * *

Ce passage m'a semblé révélateur du regard qu'on peut avoir sur certaines populations.

Je parle d'une association d'idée, car il n'est évidemment pas question de comparer l'incomparable. En effet aucune catégorie de population, en France, ne connaît aujourd'hui ce qu'ont vécu ces détenus à exterminer.

Mais le prolongement actuel de ce texte est évident ; pensons au regard qu'on porte si facilement sur des gens dont nous ignorons tout, des gens qui vivent souvent relégués dans les marges de la société. Je parle des communautés à qui les pouvoirs publics ne s'adressent jamais, ceux qui vivent dans l'ombre. Je parle de gens qui vivent dans la méfiance et la défiance vis-à-vis des "honnêtes gens", hors du coup, qui ne se sentent plus vraiment concernés par la vie publique, désemparés au point d'adopter des voies illégales de subsistance. Exilés, marginaux, étrangers, miséreux, drogués... Je parle de "ceux qui gênent", des gens qui se font juger sans qu'on les connaisse, qui se font arrêter, emprisonner pour des délits mineurs ou pas de délit du tout, en raison du statut de marginal dont ils sont revêtus.
Je parle de tous ceux qui qui constituent un stock pratique de boucs-émissaires, et sur qui nous pouvons reporter nos colères quand nos vies ne vont pas de soi.

"Ils se ressemblent tous" ; "Ils ne veulent qu'une chose...", "Ils pensent, ils vivent comme ça". "Ils" impersonnel et généralisant. N'est-ce pas comme cela que parlent de nombreux concitoyens à propos de ceux qu'ils ne connaissent que de l'extérieur, par la télé par exemple ?

Bref, ce que j'ai lu dans ce passage, c'est tout le mépris dont on peut êtrecapable quand on regarde une communauté grouiller dans la misère (et souvent, par voie de conséquence, la violence). Car il est bien facile de "prendre l'effet pour la cause", comme dit Levi. C'est-à-dire : croire que l'état de déshumanisation ou de aliénation de certaines populations n'est que ce qu'elles méritent.

évite les tonne de pubs dans ta boîte aux lettres.

POUR CEUX QUI RAGENT DE RECEVOIR DES TAS DE PUBS dans leurs boîtes aux lettres, de brochures, même parfois en papier glacé, de catalogues exhaustifs des supermarchés….
Oui, c’est parasitant et polluant : il faut savoir qu’en France sont distribués un million de tonnes de prospectus par an : ça représente 150 millions d'euros en dépenses, que les publicitaires espèrent éponger par l’attrait des produits proposés.

Apposer un sticker "pas de pub ici"sur la boîte est relativement efficace, on peut trouver ces petits stickers verts dans les mairies.

Mais pour enrayer réellement le phénomène de cette pollution écologique (et visuelle), je pratique un truc facile et jouissif.
Mettez un tas de pubs dans une enveloppe, que vous adressez à l’un des diffuseurs des pubs (ils indiquent souvent leurs adresses). Vous pouvez glisser un message bien senti, de ce que vous pensez d'eux. NE PAS AFFRANCHIR : l'enveloppe part vers les distributeurs, ils sont obligés de payer l’affranchissement s’ils veulent connaître le contenu de l’enveloppe.
Le seul investissement c’est les enveloppes. Bon.

Vous pouvez préciser l'expéditeur à l’arrière, ou bien ne pas le faire, ou bien en inventer, tout ça est légal. Si Century 21, Pizza Hut ou Auchan reçoient en masse leurs boniments en retour, ça risque de les calmer : leurs opérations leur coûtera pas mal de sous et de volées de bois vert.

Et passez le message, car ce genre de trucs n’a d’intérêts que si plein de gens le font…

20 mars 2009

Boy-A

BOY-A :
L'adaptation au cinéma du roman de Jonathan Trigell ("Jeux d'enfants", en Série noire) par John Crowley est un film captivant. L'intrigue se noue autour de cette question : peut-on devenir un citoyen normal quand on a commis un acte irréparable par le passé ? Peut-on s'inventer un présent, faire comme si les actes passés ne nous avaient pas construit ? La réponse est contenue dans la question, bien sûr, mais c'est l'intrigue qui importe, l'évolution du personnage dans le monde.
Jack, le jeune homme qui tente de refaire sa vie, apparaissant comme vierge à nouveau, est incarné par Andrew Garfield, un drôle de visage tendre et un corps tendu, des nerfs à fleur de peau, une présence incroyable.
Le film lui-même est remarquable par son côté aérien, presque imaginaire, alors que sur ce sujet, beaucoup auraient misé sur le rythme vif et le suspense. Non, là, les images sont au plus près des visages, des gestes, des sensations, des émotions. La peur. Le désir. La colère. Emotions renvoyées au spectateur avec une puissance énorme, avec une lenteur nerveuse. Teintes blanches, fauves, organiques, gros plans et contours flous parfois, impressions de mystère continu qui plane sur le présent.
Ce sont des flash-back dans le passé qui vont éclairer le mystère, et nous faire comprendre tout l'enjeu qu'il y a à oublier le passé.
Un film immense sur l'adolescence, la mémoire, la mort et l'amour.

Té, j'en suis sorti tout chamboulé.

L'uniforme de la rébellion.

Dreadlocks. Saris ou pantalons thaïlandais. Vestes aux motifs tibétains fabriqué "équitable". Balles de jonglages et djembés. Baskets de skatter, rires façon Beavis et Butthead.
US go home, anticapitalistes, pro-Arabes, écolo, barrettes de shit. Reggae-musette engagé, world music, techno-dub, I-pod, peau nette bien soignée.

Les uniformes, décidément, ne sont pas seulement arborés par les serviteurs du patronat...

12 mars 2009

blog rétro, photo, séries Z et pin-up, polars, pop, rock...

Un chouette blog "digressif et un peu couture sur la pop n'rock culture".
Chroniques, vidéos, découvertes de groupes, toute une petite histoire du cinéma indépendant, livres, plasticiens, pin-up désuètes...
Sympa, riche, passionnant.

15 minutes d'amour.blogspot

7 mars 2009

Karoshi !!!!

"Karoshi" est un mot japonais qui signifie "suicide par excès de travail". Voici un jeu nommé Karoshi, plus intéressant par ce qu'il représente que par ses qualités techniques. Le but est de trouver les moyens de se suicider pour éviter le travail. Plusieurs méthodes sont à votre disposition : électricité, pointes, écrasement... vous permettront de mourir avant d'atteindre la porte du bureau.
http://www.newgrounds.com/portal/view/462774

Karoshi . Ce terme désigne, dans la réalité, la mort subite de cadres ou d'employés de bureau par arrêt cardiaque suite à une charge de travail ou à un stress trop important. Le karoshi est reconnu comme une maladie professionnelle au Japon depuis les années 1970. Entre avril 2005 et mars 2006, on a recensé 157 décès dus au karoshi principalement par suicide ou crise cardiaque. On vit une époque formidable.

Le BIT, Bureau international du Travail, propose un dossier sur le karoshi.
http://www.ilocis.org/fr/samplilo.html